A l'approche des élections législatives du printemps prochain, beaucoup de partis politiques sont dans l'embarras. Et si le problème de la participation ou non à ce scrutin ne se pose pas pour les partis au pouvoir, ceux de l'opposition doivent désormais réfléchir à deux fois avant de prendre la décision de boycotter une élection locale ou législative. Car la nouvelle loi sur le régime électoral, qui a été publiée dans le dernier Journal officiel, instaure une quasi-obligation aux formations politiques de participer aux élections au risque de disparaître. Dans l'article 73 de la loi organique, votée en 2012 mais révisée en juin dernier, une liste électorale pour une élection locale doit être parrainée par «les partis politiques ayant obtenu plus de quatre pour cent (4%) des suffrages exprimés lors des élections locales précédentes dans la circonscription électorale dans laquelle la candidature est présentée». Autrement dit, si un parti politique n'a pas participé à une élection, il ne pourra pas justifier de ce pourcentage des voix lors des élections qui suivront. Il est vrai que la liste du parti peut être portée par la signature d'une dizaine d'élus de la même circonscription. Dans le cas contraire, la formation politique devant présenter un candidat dans une commune donnée doit trouver 50 parrainages d'électeurs. Un gage de «bon ancrage» pour les concepteurs de la loi. Mais pour les partis politiques de l'opposition, le problème est ailleurs. Ils mettent en avant l'absence d'élections régulières et transparentes. Les conditions sont également plus dures pour les candidats aux élections législatives. Pour cette élection nationale, les partis politiques doivent justifier, en plus de 4% des suffrages, de la signature de 10 élus nationaux. Une gageure pour la majorité des formations politiques qui crient déjà à un arrangement au profit du FLN et du RND qui, grâce notamment à l'appui de l'administration, peuvent justifier une présence un peu partout dans le pays. Et comme cela ne suffit pas, la nouvelle loi prévoit la création d'autres circonscriptions électorales. La loi expliquant la nouvelle donne n'est toujours pas prête. Certains expliquent cela par le nouveau découpage administratif qui viendra dans les prochaines années. Mais des partis de l'opposition soupçonnent déjà l'administration de vouloir créer une situation de «dispersion de voix». Une nouvelle situation favorable aux partis du pouvoir. Autre handicap qui guette les partis politiques en cas de non-participation aux élections législatives : le financement. Depuis quelques années, en effet, les autorités ne financent que les formations politiques présentes au sein de la Chambre basse du Parlement. L'Etat verse 400 000 DA annuellement au parti sur tout député ou sénateur élu au nom de la formation politique. Ce qui constitue une énorme ressource financière pour les organisations politiques. Mais les partis qui ont choisi le boycott vont donc être privés de cette manne nécessaire à leur fonctionnement. A titre d'exemple, le RCD, qui ne siège pas au Parlement, est privé de finances publiques depuis plusieurs années. Des réalités qui ne favorisent certainement pas l'émergence d'une scène politique saine.