Très présente dans la vie quotidienne de l'homme depuis l'antiquité, la poterie, qui a connu une grande évolution à travers les âges, a pris les allures d'un véritable art où la création n'a plus de limites. En Algérie où on la trouve dans de nombreuses régions rurales et montagneuses qui recèlent de gisements abondants en argile, la poterie a changé de mode et de style sans perdre son cachet original. Elle a été souvent une affaire de femmes qui en apportent leur touche de savoir-faire avec des motifs décoratifs joyeux et riches ens. Elle s'est enracinée comme une tradition familiale transmise à travers les générations, grâce à des techniques restées pratiquement les mêmes. Concurrencée par la poterie industrielle, la poterie traditionnelle est menacée de disparition à cause de l'usage intensif des ustensiles en métal et en plastique importés massivement de Chine, mais surtout du peu d'intérêt affiché par les jeunes générations parmi les descendants des artisans qui ont consacré toute leur vie à ce métier. En dépit de cette grande richesse, la poterie est peu présente dans la philatélie algérienne. Depuis l'émission le 26/2/1966 d'une série consacrée à l'artisanat kabyle, œuvre d'Ali Ali-Khodja, avec un timbre sur la poterie, peu de timbres ont été consacrés à cette thématique. On remarque toutefois que durant toutes les émissions philatéliques une prédominance de la poterie de la région de la Kabylie et des Aurès. Une première série a vu ainsi le jour le 23/2/1984, réalisée par le dessinateur Kamreddine Krim. On y trouve illustrés, sur un fond vert ou jaune, la gargoulette de Djemila, le plat des Maâtkas, la lampe à huile des Aurès et le pot à traire les chèvres de Babors. Des ustensiles peints en rouge vif ou en marron, façon d'une beauté remarquable et d'une simplicité frappante, qui méritent de figurer en bonne place dans un musée d'ethnographie. Cette thématique sera enrichie par une seconde émission parue le 14/11/1995, œuvre de Sid-Ahmed Bentounes mettant en valeur la poterie de Lakhdaria, la cruche d'Aokas, la gargoulette de Larbaâ Nath Irathen et la jarre de Ouadhias. Mais la plus belle émission de cette thématique demeure celle qui a vu le jour le 23 octobre 2002, d'après des dessins de Sid-Ahmed Bentounes, illustrant la marmite avec couscoussier de Lakhdaria, la jarre de Larbaâ Nath Irathen, la lampe à huile de Ouadhia, et la petite cruche de Aïn Turki, à Miliana. Outre le savoir-faire et la technicité remarqués dans la fabrication des poteries en Algérie, notamment dans la Kabylie et les Aurès, leur particularité réside dans ces signes, motifs et symboles graphiques qu'elles portent, révélant la créativité, mais aussi l'importante place sociale de la femme kabyle ou chaouie. Par sa valeur esthétique, la poterie algérienne, dont l'histoire et les dessins ont fait l'objet de nombreuses études ethnographiques et archéologiques, aura besoin d'une meilleure valorisation, surtout que cet art n'est plus concentré dans la Kabylie ou les Aurès, mais il est répandu aussi dans la petite Kabylie, le littoral et la région des Hauts-Plateaux.