Ayant visiblement perdu le soutien des femmes, Donald Trump n'a plus qu'un léger avantage chez les électeurs blancs (47% contre 43%), chez qui les différences de niveau d'éducation influencent le choix. Les électeurs américains connaîtront leur nouveau Président le 8 novembre prochain. A l'allure où vont les choses, il se pourrait bien que ce nouveau Président soit une femme pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis. La candidate démocrate profite en effet des déboires médiatiques et des nombreux propos polémiques de son adversaire républicain, Donald Trump, pour asseoir son statut de favorite, à deux semaines de l'élection présidentielle. Hillary Clinton a sans aucun doute franchi un cap en atteignant la barre des 50% d'intentions de vote, selon une enquête ABC News publiée dimanche. Elle a désormais 12 points d'avance sur Donald Trump. Celui-ci ne semble cependant pas avoir abdiqué et mise sur les Etats pivots pour créer la surprise. Le libertarien Gary Johnson et l'écologiste Jill Stein n'obtiennent respectivement, quant à eux, que 5% et 2% des intentions de vote. Ayant visiblement perdu le soutien des femmes, Donald Trump n'a plus qu'un léger avantage chez les électeurs blancs (47% contre 43%), chez qui les différences de niveau d'éducation influencent le choix. M. Trump a ainsi 19 points d'avance chez les Blancs dépourvus d'un diplôme universitaire (55% contre 36%), tandis que Mme Clinton a le soutien de 52% des Blancs avec un niveau d'études supérieures, contre 36% pour M. Trump. «Nous sommes derrière», a reconnu sur NBC, Kellyanne Conway, directrice de campagne du magnat de l'immobilier, tout en martelant que l'élection n'était pas encore jouée. En meeting à Naples, en Floride, Donald Trump a appelé ses partisans à se rendre aux urnes en nombre «pour se débarrasser d'Hillary la crapule une fois pour toutes». «Les chiffres sont fantastiques en Floride. Ne croyez pas les médias», a-t-il lancé. Cet Etat du Sud est crucial pour le résultat final dans lequel la majorité des sondages le placent 3 ou 4 points derrière sa rivale démocrate. Trump perd le soutien des femmes Durant sa campagne, l'homme d'affaires a souvent été agressif à l'égard de l'establishment américain et des médias. Lors d'un meeting animé lundi dernier à Green Bay dans le Wisconsin, il avait dénoncé vertement la «corruption» de sa rivale et critiqué avec force une élection qui, selon lui, est déjà «truquée». «Les gens qui sont morts il y a dix ans votent encore, les immigrants clandestins votent», a-t-il martelé, regrettant que la fraude soit devenue «très, très banale aux Etats-Unis». Donald Trump a estimé aussi que l'élection – dont les débats ont très souvent volé au ras des pâquerettes – «est truquée par les médias», accusés d'ignorer volontairement les affaires liées à Hillary Clinton pour concentrer leurs attaques contre lui. Quoi qu'il en soit, les critiques de Trump ont fait mouche dans l'électorat républicain. Selon un sondage Politico/Morning Consult, 41% des électeurs américains, et 73% des républicains pensent effectivement que l'élection pourrait effectivement être volée à Trump. Ce n'est pas tout. Donald Trump a obtenu aussi pour la première fois, samedi, le soutien d'un grand journal américain. Le Las Vegas Review-Journal explique dans un éditorial que «l'histoire nous apprend que les acteurs de la réforme suscitent souvent la peur et la panique parmi ceux qui sont résolus à préserver leurs généreux avantages». Devant la gravité de ces accusations, Barack Obama a tiré à boulets rouges mardi dernier sur le candidat républicain, lui conseillant d'«arrêter de pleurnicher» et de discréditer l'élection présidentielle du 8 novembre. Trump crie à la fraude Donald Trump sent-il le vent tourner ? Possible. Ses plus gros problèmes pourraient venir du changement de stratégie de son adversaire démocrate. Le calendrier des déplacements et les investissements publicitaires du camp démocrate corroborent cette hypothèse. Après avoir été frileuse et à la peine dans les intentions de vote pendant une bonne partie du mois de septembre, l'ancienne secrétaire d'Etat a creusé en deux étapes une avance confortable sur son adversaire républicain. Le premier débat, le 26 septembre, dans lequel elle avait nettement dominé Trump, lui a permis de rassurer son camp et de remobiliser les démocrates. La diffusion, le 7 octobre, d'une vidéo de 2005 dans laquelle il multipliait les propos obscènes vis-à-vis des femmes a ensuite considérablement fragilisé le magnat de l'immobilier auprès de l'électorat féminin. Bref, le passage à l'offensive a réussi à Hillary Clinton. Mme Clinton dispose désormais d'un solide capital de confiance et d'une avance confortable. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle a gagné. Hillary Clinton traîne aussi de nombreuses casseroles (publication par WikiLeaks de milliers de messages piratés du compte Gmail du président de son équipe de campagne, John Podesta, qui révèle les tergiversations et machinations politiques de la candidate, la mort de l'ambassadeur américain en Libye, etc.) que Donald Trump utilise quotidiennement pour la discréditer aux yeux des Américains. Et face aux mauvais sondages, Donald Trump garde son calme et se contente de prédire un «nouveau Brexit» le 8 novembre prochain. C'est la raison pour laquelle tout le monde angoisse aux Etats-Unis.