Amorcée l'année dernière à travers le budget 2016, la rigueur budgétaire, passant par une baisse des subventions, va se poursuivre dans les années à venir, ce qui risque de nuire aux catégories fragiles mais aussi aux classes moyennes si un système d'aides adéquat n'est pas mis en place. Le renoncement progressif, par l'Etat, du système des subventions se précise à travers le projet de loi de finances 2017 (PLF-2017). En attendant de finaliser une formule d'aides directes aux catégories les plus fragiles, à travers un recensement sur lequel planchent actuellement les ministères de la Solidarité nationale et de l'Economie numérique, le gouvernement semble plus que jamais prêt à se délester du poids que constituent les aides financières et autres transferts visant à préserver le pouvoir d'achat des citoyens et garantir la paix sociale. Tant que les prix du pétrole étaient au plus haut, le gouvernement, fort de l'aisance financière du pays, se refusait à donner à sa politique budgétaire la rigueur orthodoxe conseillée par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) qui critiquaient le caractère social de la politique économique de l'Etat algérien. Aujourd'hui, contraint par la détérioration de la situation économique du pays, le gouvernement va dans le sens des institutions financières internationales, mais aussi dans celui de l'approche prônée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui milite pour la baisse des subventions, estimant qu'elles ne sont pas bien ciblées et profitent aux riches plus qu'aux pauvres. Amorcée l'année dernière à travers le budget 2016, la rigueur budgétaire, passant par une baisse des subventions, va se poursuivre dans les années à venir, ce qui risque de nuire aux catégories fragiles mais aussi aux classes moyennes si un système d'aides adéquat n'est pas mis en place. Quoi qu'il en soit, le PLF-2017 prévoit, selon ce qu'on peut lire dans le texte qui sera soumis prochainement à l'examen du Parlement, «le passage à un système de transfert d'argent (au profit des nécessiteux) afin de compenser les augmentations de prix découlant de l'abandon par l'Etat du système de subventions généralisé, induisant jusqu'à présent gaspillage, consommation outrancière et aggravation des disparités sociales». Baisse des salaires, gel des recrutements Selon le PLF-2017, «dans le cadre de la maîtrise de certaines dépenses courantes, une réflexion est en cours afin de limiter les systèmes actuels de subventions généralisées afin de mettre en place une politique de ciblage des individus ayant un revenu bas, et ce, en vue de concrétiser plus de justice dans l'affectation des ressources de l'Etat aux catégories sociales les plus nécessiteuses et la baisse de la dépense publique à un niveau durable». Il est à noter que les dépenses budgétaires pour 2017 sont estimées à 6883,2 milliards de dinars, alors qu'elles étaient de 7000 milliards en 2016. Le rétrécissement du budget de fonctionnement prévu dans le PLF-2017 passe également par une baisse des salaires des fonctionnaires : une coupe de 60 milliards de dinars par rapport à 2016. La dotation annuelle prévue se situera donc à 2172 milliards de dinars l'année prochaine contre 2232 milliards en 2016. Selon le texte portant projet de loi de finances 2017, ce rétrécissement des dépenses salariales sera possible grâce notamment «au non-remplacement des fonctionnaires partant en retraite, soit quelque 11 338 postes, l'élargissement de la période ouvrant droit à la promotion des fonctionnaires et le gel des recrutements». Par ailleurs, la contribution de l'Etat à l'économie accusera une contraction de 32% en 2017, en raison notamment de la baisse de la contribution de l'Etat à l'Office algérien interprofessionnel des céréales, fixée à 29 milliards de dinars, de la diminution des subventions au budget de l'Office national interprofessionnel du lait de 11,7% et une baisse de 5,7% des subventions allouées aux entreprises publiques à caractère industriel et commercial destinées à la couverture du service public dans les secteurs de la santé, de la communication, des transports, de la solidarité et des dispositifs de promotion de l'emploi. Il est à savoir que le projet de budget pour 2017, qui a été exposé lundi aux membres de la commission finances de l'APN, a donné lieu à un certain nombre de critiques formulées par des députés, même si pour sa part, le président de la commission, Bedda Mahdjoub, a justifié largement, face à la presse, les hausses des taxes contenues dans le texte.