Un accident de chantier au niveau du projet de l'échangeur situé à l'entrée de la ville de Skikda a provoqué, jeudi, une rupture totale de l'alimentation en gaz à Skikda, non sans plonger la ville dans une suspicion motivée beaucoup plus par l'apparition de plusieurs fuites de gaz. Hier encore, et pour des considérations de sécurité, plusieurs quartiers de la ville demeuraient toujours sans gaz au moment même où le standard de Sonelgaz restait submergé d'appels de citoyens qui pour s'informer de cette coupure qui pour signaler une forte odeur de gaz. Jeudi toujours, une grande perturbation dans l'approvisionnement en pain et dans la restauration a été nettement ressentie. Quant aux circonstances de l'incident, un cadre délégué par la direction de Sonelgaz révèle que « le réseau principal d'alimentation, constitué de deux canalisations de 200 mm de diamètre et d'une pression de 4 bars chacune, a été endommagé par l'engin d'une entreprise privée chargée des travaux de remblais d'accès à l'échangeur situé à l'entrée de la ville. L'incident s'est produit vers 8h quand l'engin a heurté les canalisations, cassant carrément l'une et endommageant légèrement la deuxième. Une rupture automatique de l'alimentation s'est alors produite ». L'incident n'a, fort heureusement, causé aucun dégât aux alentours et la perspicacité des policiers, qui étaient en service à quelques mètres seulement des lieux, a permis de détourner la circulation sur un autre axe et d'éviter tout risque d'explosion, d'autant plus que le lieux de l'incident jouxte une route à grande circulation. Au sujet de la gestion du sinistre, le même cadre rapporte que « nous avons de suite déclenché un plan d'urgence en mobilisant tous nos moyens et en faisant appel aux unités des autres villes de la wilaya pour le circonscrire et garantir par la suite la reprise de l'alimentation en assurant d'abord l'aspect sécuritaire. La première canalisation a été remise en service le jour même à 15h et la seconde aux environs de 19h ». Quant aux innombrables fuites décelées et rapportées par les citoyens, souvent inquiets, Sonelgaz, tout en reconnaissant ce fait, l'explique par la concentration inhabituelle de l'odorisant (le THT). « Lors de la rupture des canalisations, nous sommes passés à la gestion en mode manuel, ce qui a conduit à densifier le gaz en odorisant. La norme du THT dans le gaz était plus importante que celle à laquelle le citoyen était habitué. Cela est bénéfique dans la mesure où il permet de déceler la moindre fuite et permettre au citoyen de tester son installation personnelle. » On signale, par ailleurs, plus de 200 fuites, même si Sonelgaz affirme que « toutes les colonnes montantes ont fait l'objet d'un contrôle » et qu'à ce jour, toutes les réclamations faites par les citoyens ont été traitées, précisant que « c'est vrai que jusqu'à ce jour (vendredi, ndlr) des quartiers sont encore sans gaz, mais dans ce cas de sinistre nous optons beaucoup plus pour l'aspect sécuritaire et toute alimentation ne pourra se faire sans garantir cet aspect ». On apprendra, par ailleurs, que Sonelgaz envisagerait de déposer une plainte pour « agression de l'ouvrage ». Cet incident, qui fort heureusement n'a engendré aucun dégât, devrait tout de même reformuler l'aspect sécuritaire des installations sensibles, d'autant plus que le lieu du sinistre est situé à moins de 400 m de la plateforme pétrochimique. Autre détail important : les canalisations endommagées par les travaux de chantier venaient à peine d'être déplacées, ce qui veut dire que leur récent emplacement devait plutôt les rendre plus « visibles ». Car il restait à mentionner qu'une enveloppe de 400 millions de dinars avait été allouée par l'Etat pour déplacer tous les réseaux afin de permettre au chantier de l'échangeur d'avancer. Deux questions alors : le conducteur de l'engin était-il informé de l'existence des réseaux aux endroits qu'il avait défoncés ? L'entreprise en charge disposait-elle des nouveaux emplacements de ces mêmes réseaux ? En attendant les réponses, Skikda priera Dieu de l'avoir préservée une fois encore d'un autre drame.