Au moment où l'Egypte enregistre une septième victime de la grippe aviaire, des chercheurs de l'université de Hong Kong ont identifié une nouvelle souche particulièrement résistante du virus H5N1 de la grippe aviaire. Ces mêmes chercheurs craignent que cette forme du virus, qui se propage à grande vitesse en Asie, ait évolué lors des campagnes de vaccination des volailles. Selon une étude menée par des scientifiques japonais et américains, publiée, hier dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences, cette souche semble particulièrement résistante aux vaccins actuels. Cette souche dite « du Fujian » (du nom de la province éponyme du sud de la Chine où elle a été isolée), ont précisé ces chercheurs, est apparue à la fin 2005 et s'est propagée en Chine, à Hong Kong, en Thaïlande, au Laos et en Malaisie. Selon l'étude, « la propagation du virus hautement pathogène de la grippe aviaire parmi les volailles en Eurasie accompagnée d'une hausse des infections humaines en 2006, suggère que le virus n'a pas été contenu avec efficacité et que la menace d'une pandémie demeure ». Selon les chercheurs, « les études suggèrent que le taux de séroconversion (apparition dans le sang des anticorps en réponse à un agent infectieux dans l'organisme ou après une vaccination) observée parmi les volailles est faible et que la vaccination a pu faciliter l'émergence de la souche du Fujian ». La propagation en Asie de la souche « Fujian » du virus H5N1, qui semble résister aux vaccins actuels, inquiète les scientifiques. Selon l'étude, le nouveau germe est même devenu la principale souche de la grippe aviaire dans plusieurs provinces chinoises, infectant volailles et habitants. « La prédominance de ce virus sur une large zone géographique en un court laps de temps constitue un défi aux mesures de contrôle en place », avertit l'étude. Par ailleurs, la mutation tant redoutée vers un virus transmissible d'homme à homme ne semble pas avoir eu lieu. Il n'y a aucune preuve en ce sens pour l'instant, selon Robert Webster, l'un des co-auteurs de l'étude. Le Dr Michael Perdue, du programme mondial de lutte contre la grippe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), souligne également que la nouvelle souche ne signifie pas un risque accru pour l'homme « en dehors du fait qu'elle semble très répandue ». Le Dr Perdue, qui n'a pas participé à l'étude, indique que l'OMS travaille avec le ministère chinois de la Santé pour mettre au point un vaccin contre cette nouvelle souche. Rappelons que depuis 2003, le H5N1 a fait 151 morts dans le monde, essentiellement en Asie, et ravagé les élevages de volailles en Chine et dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique. A noter qu'un responsable de la Banque mondiale, Jim Adams, chargé de la grippe aviaire a averti, il y a quelques mois, que l'humanité dépenserait 2000 milliards de dollars en cas de pandémie sévère de grippe aviaire.