Les habitants de la cité des 536 Logements à Sbaât, dans la commune de Rouiba, vivent au rythme d'une panoplie de problèmes qui altèrent leur cadre de vie. A l'origine de cette situation pénalisante pour les résidants de la cité, l'emplacement de la localité, qui se trouve à cheval entre la wilaya d'Alger et celle de Boumerdès. Bien que située dans la capitale, la localité de Sbaât est totalement marginalisée. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les responsables locaux qui l'ont initialement écartée de leurs préoccupations. «Les responsables locaux n'ont aucune considération pour notre localité. Toute leur attention est focalisée sur les quartiers du chef-lieu. De par sa situation, la localité de Sbaât est considérée comme étant un douar et non une agglomération», déplore un résidant de la cité. Entre autres problèmes rencontrés par les habitants de la cité, l'état des caves des immeubles, qui sont continuellement inondées. «La cité a été construite dans une zone marécageuse. Les caves connaissent donc des remontées d'eau qui s'ajoutent aux infiltrations des eaux des canalisations montantes. Le niveau des eaux atteint souvent trois mètres. Les structures des immeubles sont mises à rude épreuve. Maintenant la situation est telle qu'elle représente un danger pour les habitants. Le risque que ces structures cèdent est avéré», explique un habitant, ingénieur de son état. Et d'ajouter : «Lors de la construction des bâtiments, le système de drainage n'a pas été réalisé. Ce qui est un manquement grave aux règles les plus élémentaires en matière d'architecture et d'urbanisme.» Au fil du temps et de ses aléas, les immeubles se sont considérablement fragilisés. Les dégâts et les dommages causés par les infiltrations d'eau continuent de désagréger chaque jour un peu plus les colonnes et les murs des bâtisses. S'ajoutent à cela les odeurs nauséabondes qui émanent des eaux usées qui stagnent dans les caves et les moustiques qui, le soir venu, assiègent littéralement la cité. Des travaux ont été effectués par une entreprise désignée par la direction de l'hydraulique. «Ces travaux se sont avérés inefficaces devant l'ampleur des dégâts causés par les infiltrations d'eau. En somme, l'entreprise a fait du replâtrage, car le problème persiste toujours. Le coût des travaux s'élève à 650 000 DA par immeuble. Cela renseigne sur la qualité des travaux, qui sont loin de répondre aux normes, ainsi que sur leur efficacité à endiguer le problème», confient-ils. Durant les précédents mandats, l'APC de Rouiba, dont dépend la localité de Sbaât, a adopté un plan de réaménagement de la cité. «Il serait inopportun de lancer des travaux, alors que les inondations dans les caves menacent de faire écrouler les immeubles», précisent nos interlocuteurs. En tout état de cause et en dépit de l'adoption du projet par l'APC, les travaux n'ont jamais été mis en œuvre. «Nous avons pris connaissance des détails des travaux. Il était question de refaire le revêtement des accès et des allées de la cité, de réaliser des aires de jeux, des espaces verts, des aires de stationnement, etc., mais le projet n'a jamais été lancé. Les responsables locaux nous promettent à chaque fois de relancer le projet, en vain», soutiennent-ils. Des problèmes et des difficultés à foison Les difficultés que rencontrent les habitants de la cité des 536 Logements à Sbaate ne se limitent pas au seul problème des inondations des caves. Les résidants subissent au quotidien les méandres d'une situation plus que déplorable. Elle concerne, en fait, tous les aspects de la vie. «Les routes et les allées de la cité sont devenues impraticables. Les semi-remorques et les camions de gros tonnage en ont abîmé une grande partie», témoignent les habitants. S'ajoute à cela l'absence d'éclairage public. «Il nous est impossible de sortir de nos appartements après une certaine heure le soir, car il fait sombre dans la cité», disent-ils. Quant aux structures de santé publique, il n'existe qu'un seul dispensaire. Mais d'après les habitants, il ferme ses portes à 16 h et n'ouvre pas durant les week-ends. Outre la marginalisation de la cité de par sa situation géographique, les habitants sont contraints de faire leurs achats dans d'autres localités de la commune, ou dépendent carrément des marchands ambulants, dont la régularité est aléatoire. «Il existe un marché couvert dédié à la vente de fruits et légumes. Les étals sont fermés depuis des lustres, on ne sait d'ailleurs pour quelles raisons», affirment-ils. La cité connaît également un manque flagrant en matière d'équipements publics devant répondre aux besoins des habitants, tels qu'un bureau de poste, des annexes de la Seaal et de Sonelgaz. S'agissant des structures dédiées à la pratique du sport et aux activités des loisirs éducatifs, la cité en est totalement dépourvue. Ce genre d'établissement pourrait soustraire les jeunes à la rue et à l'oisiveté qui les ronge. Toutefois, et en l'absence de maison de jeunes, de centre culturel ou encore de salles de sport, seuls les cafés grouillent de jeunes gens qui n'ont guère où aller, car même le transport fait défaut. «Notre localité n'est desservie par aucune navette. Pour aller à Rouiba, il faut attendre le passage hypothétique des bus venant de Khemis El Khechna. Encore, il arrive qu'ils passent et ne s'arrêtent pas», assurent-ils. Outre ces problèmes, les immeubles de la cité sont sujets à des incendies récurrents. «Les services de Sonelgaz ont procédé au regroupement des compteurs d'électricité dans des armoires installées au rez-de-chaussée. La proximité des compteurs et l'enchevêtrement des fils électriques provoquent fréquemment des incendies. Nous en avons subi une dizaine. Fort heureusement, ces incendies n'ont fait jusqu'à présent aucune victime. Mais si la situation demeure telle quelle, il faudra s'attendre à ce qu'il y ait des dégâts et des victimes», préviennent-ils. Nous avons tenté de prendre attache avec le président de l'APC de Rouiba afin d'avoir des explications sur la situation et les difficultés qu'endurent les habitants de cette cité, ainsi que les solutions que préconise la municipalité pour en venir à bout, en vain. Nos multiples tentatives sont restées sans suite. Les habitants lancent un appel aux pouvoirs publics afin qu'ils prennent en charge leurs problèmes. «Nous lançons un appel urgent aux hautes autorités de l'Etat afin qu'elles interviennent auprès des responsables locaux pour une prise en charge effective de nos doléances», concluent nos interlocuteurs.