Le programme de logements dans la wilaya de Tipasa demeure en souffrance. Quelques mois avant la dernière élection présidentielle, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait inspecté des logements non encore attribués. Ces derniers ne sont toujours pas distribués. Il avait même fait des observations sur le site de superbes logements sociaux érigés à proximité du centre universitaire de Tipasa. «Il s'agit d'un complexe touristique et non pas d'un site de logements sociaux, avec une magnifique vue sur la mer», précisait M. Sellal. Quelques années après, si le Premier ministre se rend sur le même site à Tipasa, il verra que ces mêmes logements sociaux n'ont pas été distribués. Aujourd'hui, on se contente à l'échelle locale des promesses pour faire baisser le «volume» de la grogne des citoyens, qui n'arrivent plus à supporter le poids de la crise sociale. Naturellement, tous les prétextes officiels convergent vers la justification du statu quo qui caractérise la situation de ces logements concernés. La wilaya de Tipasa a bénéficié d'un programme de 75 219 logements, tous types confondus, durant les deux derniers quinquennats. Les pouvoirs publics avaient alloué une enveloppe d'un montant de 109 milliards de dinars. Le quota des logements sociaux et ruraux constitue jusqu'à 34% du programme. Les élus et responsables locaux craignent les représailles des populations, ce qui explique leur manque de volonté pour résoudre le problème. Le nombre de demandeurs augmente progressivement. Un dilemme. Les travaux de VRD (voirie, réseaux divers), primaires, secondaires et tertiaires, ont du mal à démarrer et à maintenir une cadence normale pour soulager les ménages. Dans certains cas, des bénéficiaires de logements promotionnels avaient récupéré les clés de leurs logements, alors que le réseau d'alimentation en eau potable n'est pas posé, dans d'autres cas, le réseau de l'assainissement n'est même pas achevé. Le branchement en énergie électrique et en gaz de ville constitue un autre aspect qui n'échappe pas aux remarques. L'autre difficulté qui entrave le déroulement des travaux, c'est l'indisponibilité financière à présent. Des chantiers à l'arrêt n'arrivent plus à reprendre. La réévaluation du reste à réaliser pose des problèmes. Autant d'éléments qui contribuent à l'instabilité sociale, car les discours officiels sont en décalage avec la réalité du terrain. Les élus sont mobilisés beaucoup plus sur les prochaines échéances électorales que sur les soucis et les préoccupations de leurs administrés, quant à l'emploi ou la récupération des ressources financières, c'est le silence. Le wali de Tipasa, Ghellaï Moussa, entreprend moult actions pour être au rendez-vous, afin que des logements soient distribués au cours du premier trimestre 2017. La défaillance des entreprises de réalisation sera-t-elle corrigée pour reprendre les travaux à l'arrêt déjà des 3228 logements ? Les autorités arriveront-elles à dénicher les entreprises et surtout le foncier pour entamer la réalisation de 18 000 logements inscrits au programme ? Les responsables du secteur de l'urbanisme, de l'OPGI, de l'AGRFU et des 10 daïras, seront-ils en mesure d'empêcher l'arrêt des travaux des 9000 logements en cours de réalisation ? Quant aux 45 072 logements inscrits dans les deux quinquennats, nous précise-t-on, ils sont achevés. Selon les engagements de l'exécutif de la wilaya, une opération de relogement de grande envergure se prépare. Cette opération concernera 12440 logements. S'agit-il d'une annonce pour calmer les populations qui attendent leur logement ? «Faites attention Monsieur le wali dans le choix des dossiers des bénéficiaires, car il y aura beaucoup de tricheurs qui vont s'infiltrer dans le lot grâce aux complicités», fait remarquer un citoyen lors d'une rencontre du wali avec la société civile.