L'Opep a confirmé hier, à partir de son siège à Vienne, une décision de réduction de la production, telle qu'ébauchée par l'accord historique conclu par les pays membres en septembre à Alger. En décidant de réduire sa production de 1,2 millions de barils par jour, dont 500 000 barils pour l'Arabie Saoudite, l'Organisation, qui se fixe un seuil de 32,5 millions de barils par jour dès janvier 2017, renoue ainsi, pour la première fois depuis huit ans, avec les décisions consensuelles qui ont toujours fait sa force au sein du marché pétrolier. Nous sommes parvenus à un accord», a déclaré le ministre qatari de l'Energie Mohammed Saleh Al Sada, qui préside la conférence de l'OPEP, à l'issue d'une réunion des quatorze pays de l'Organisation dans la capitale autrichienne. Parallèlement, «la Fédération russe s'est déjà engagée à réduire de 300 000 barils» sa production, soit la moitié des 600 000 barils de réduction demandés aux producteurs extérieurs au cartel, a-t-il ajouté. Par cette décision, l'OPEP donne ainsi un signal fort aux marchés, poussant la cotation de l'or noir au-dessus du seuil de 50 dollars le baril et démentant le scepticisme des spécialistes qui doutaient encore, malgré les prémices de l'Accord d'Alger, d'un rapprochement entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, ou du moins de la possibilité d'un accord ferme qui tienne compte des exigences de l'un et de l'autre. La moitié du chemin avait été pourtant franchie à Alger le 28 septembre, grâce à la médiation algérienne menée par le ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa. Ce dernier a tenu son pari d'aller jusqu'au bout d'une initiative diplomatique de longue haleine qui, à défaut d'instaurer une entente idyllique entre les membres les plus influents de l'Organisation, a pu créer les conditions nécessaires pour contourner les obstacles et ouvrir la voie à un accord salutaire pour l'OPEP. Celle-ci, il faut le dire, sombrait dans la discorde au point de perdre toute influence sur le marché, en proie depuis plusieurs années à un effondrement des cours et à une instabilité qui a miné les économies des pays exportateurs. Au delà des retombées immédiates qu'il aura sur les prix — ce qui est le premier objectif des producteurs — l'accord conclu hier à Vienne a le mérite de redonner des couleurs à l'Organisation et de la replacer en tant que force de proposition, notamment en tant que régulateur du marché. Il faut qu'elle s'attelle désormais à renforcer cette position et à faire respecter les quotas fixés. Un objectif que n'avait pas omis de mettre en relief le ministre algérien de l'Energie dans ses déclarations à la presse avant la réunion de l'OPEP à Alger au mois de septembre dernier. Hier, avant la conclusion de l'accord à Vienne, M. Boutarfa, cité par l'APS, s'est dit «confiant» que l'OPEP parvienne à un accord de baisse de sa production ajoutant qu'avec un accord, «le marché se régulera plus vite et c'est là notre objectif. Il y aura un consensus. On est très positifs». Il a aussi relevé les efforts consentis par l'Algérie en vue de concrétiser l'accord obtenu en septembre dernier. Le ministre a affirmé qu'une réunion OPEP-non OPEP est prévue pour définir le mécanisme de baisse des pays non membres de cette organisation. «Les Russes ont toujours dit qu'ils attendaient un accord. Et il y aura une réunion OPEP-non OPEP pour définir le mécanisme. Pour sa part, le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a fait part de son souhait de stabiliser le marché pétrolier, soulignant la nécessité d'arriver à un compromis entre les pays OPEP et non OPEP. Selon lui, il faut aussi prendre compte le fait que le pétrole de schiste risque de revenir sur les marchés et tirer les cours de nouveau vers le bas. «Mais nous pensons que les choses vont dans le bon sens», a tenu à souligner M. Boutarfa. Lors de son intervention à la conférence, le président de l'OPEP, Mohamed Salah Al Sada, a pour sa part remercié le ministre algérien de l'Energie pour son «énorme contribution» à obtenir l'Accord d'Alger lors de la réunion extraordinaire du 28 septembre. Il a souligné que le haut comité d'experts, présidé par l'Algérie, a contribué à encadrer les consultations OPEP-non OPEP et à identifier les risques et à prendre des mesures proactives à même d'assurer l'équilibre du marché de façon durable. M. Al Sada a, par ailleurs, noté que la demande mondiale devrait augmenter en 2016 et 2017 d'environ 1,2 million de barils/jour, alors que les prévisions de croissance économique mondiales restent raisonnables pour 2016 et 2017 à 2,9% et 3,1% respectivement.