Le 7e Festival international du cinéma d'Alger avec ses journées sur le film engagé se déroule depuis hier pour se poursuivre jusqu'au 7 décembre 2016. «The birth of nation» a lancé, hier soir à la salle El Mouggar, la 7e édition du Festival international du cinéma d'Alger (FICA), dédiée cette année au leader de la Révolution cubaine Fidel Castro. Le cinéma algérien est le grand absent de cette édition, uniquement représenté par la nouvelle fiction du franco-algérien Amor Hakkar, Ouled Mokrane qui sera projeté en avant-première. Zahi Yahi, commissaire du festival, et son équipe n'ont pas retenu les documentaires algériens qui leur ont été proposés. «C'est un festival national, pas international. Nous avons des paramètres de qualité d'après lesquels nous faisons notre choix. Nous avons visionné des documentaires algériens que nous n'avons pas retenus. Nous ne voulons pas être complaisants», a estimé Ahmed Bejdaoui, membre du comité d'organisation. Le cinéma africain est peu représenté au FICA 2016 également. Un seul film au programme, Finding Fela d'Alex Gibney. «Nous avons visionné des films africains que nous n'avons pas sélectionné. Au delà du contenu, nous respectons des critères techniques, artistiques et esthétiques», a souligné Zahia Yahi. «Il y a un festival consacré au film arabe à Oran. Le festival de Annaba propose également des films arabes. Nous ne voulons pas leur faire concurrence. Le paramètre principal de notre sélection est l'engagement, la cause défendue», a expliqué Ahmed Bedjaoui à propos de la faible présence du cinéma arabe. Le jury longs métrages est présidé par le cinéaste algérien, Karim Bahloul, secondé du Français Michel Serceau, du Burkinabé Sekkou Traoré et des Algériens Allal Yahiaoui et Karim Traïdia. Le jury documentaire est sous la direction de l'Algérienne Fatma Zohra Zammoum, assistée des Algériens Mohamed Bensalah, Denis Martinez et Sabrina Draoui ainsi que du Français Olivier Haddouchi. Festival autogéré ! Le FICA 2016 n'a pas reçu de subventions du ministère de la Culture. «C'est un festival autogéré. Nous avons relevé un défi pour l'organiser. Le festival dispose d'un public qui le pousse et qui s'est imposé. La qualité de ce festival ne se pose plus, même si nous nous remettons en cause à chaque fois», a déclaré Ahmed Bedjaoui. «On nous a demandé de consommer le budget resté de la précédente édition. Nous avons eu recours pour la première fois aux sponsorings. Les entreprises privées n'ont pas répondu à nos demandes et certaines sociétés publiques nous ont dit que leur budget 2016 était déjà bouclé. Mais, nous avons pu avoir des réponses favorables. Sans ces sponsors, le festival n'aurait pas eu lieu. Plus ces sponsors seront visibles, plus ça donnera envie à d'autres établissements publics ou privés de s'engager», a déclaré Zahia Yahi. Elle a qualifié de noble l'acte de participer à l'accessibilité de la culture à tous. «Nous souhaitons que les opérateurs de téléphonie mobile s'intéressent à autre chose qu'au football», a soutenu, pour sa part, Ahmed Bejdaoui. Il est largement constaté que Djezzy, Mobilis et Oeredoo ne soutiennent pas les événements culturels en Algérie, préférant orienter leurs budgets au football uniquement. D'où cette question : qu'est-ce qui empêche le gouvernement de rendre le soutien par les opérateurs de téléphonie mobiles des actions culturelles obligatoire ? L'ambassade de Suisse et le British Council ont apporté leur aide au Festival. Zahia Yahi a précisé que le ministère de la Culture et les institutions qui en dépendant continuent d'apporter leur appui au FICA, malgré les restrictions budgétaires. «La culture n'a pas pu échapper à la politique d'austérité. Il nous faut faire preuve d'entraide, de solidarité et d'ingéniosité. Il faut s'adapter à la situation. Nous nous battrons pour que ce festival continue d'exister avec de la qualité», a soutenu Zahia Yahi. Patricio Guzman et Ken Loach se sont excusés de ne pourvoir assister au festival. «Les têtes d'affiche ne nous intéressent pas beaucoup. C'est un festival dédié au film engagé. De plus, il n'est pas prouvé que les têtes d'affiche attirent efficacement le public. Nous voulons que les spectateurs ressortent ‘'pleins'' d'un film, d'un débat», a relevé Zahia Yahi. «Ce n'est pas un festival de paillette ou de tapis rouge. C'est un festival qui instaure une relation intime entre une programmation et un public sur des thèmes et des causes», a repris Ahmed Bedjaoui. «Jeune cinéma» Deux conférences sont prévues durant le FICA 2016 au niveau de la Cinémathèque algérienne à 11 h. La première, le dimanche 4 décembre, sur le cinéma jeune. Et la deuxième, le mardi 6 décembre, sur le sens de l'engagement dans le cinéma. «Nous sommes à un tournant de génération. Il y a une génération qui a beaucoup donné au cinéma algérien, a eu des moyens, des salles, un fonds d'aide alimenté par le public. Aujourd'hui, les jeunes font face à des difficultés plus grandes pour passer au premier long métrage. Il y a énormément de talents et de potentialités. Donc, il s'agit pour nous d'attirer l'attention sur ces talents, savoir comment les aider, les accompagner. Le cinéma algérien doit se renouveler pour ne pas rester figé dans la nostalgie de l'âge d'or», a précisé Ahmed Bedjaoui. Les prix du FICA ne sont pas dotés d'argent. Les lauréats auront des trophées. «Il s'agit d'une plaque dans une valisette fabriquée à Tamanrasset. Le festival fait donc travailler les artisans et les jeunes. C'est le principe d'un film engagé. On n'est pas là pour gagner de l'argent», a souligné Zahia Yahi.