La prévention des maladies liées à l'obésité, à l'hypertension artérielle et au diabète, qui sont les premières causes de la hausse de la mortalité, doit constituer aujourd'hui une priorité des pouvoirs publics et des personnels soignants. La mise en place d'un dépistage collectif ciblé sur des populations à risque âgées de 35 ans et plus est l'une des recommandations formulées hier, lors des travaux du 7e forum national de formation continue, par le professeur Brouri, chef de service de médecine interne à la clinique Kehal à El Biar, en présentant les résultats préliminaires de l'opération de dépistage du diabète de type 2, de l'obésité et de l'hypertension dans la région centre et sud du pays (12 wilayas), à savoir Alger, Blida, Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Médéa, Djelfa, Aïn Defla, Ouargla, Ghardaïa et Tamanrasset. Le professeur Brouri a mis en exergue l'ampleur des facteurs de risques des maladies cardiovasculaires dans ces régions. Ainsi, cette opération de dépistage menée dans les 12 wilayas a pour objectif d'examiner 121 959 adultes âgés de 25 ans et plus sur une population cible de 3 187 776 personnes. Les premiers résultats présentés lors de cette rencontre, a précisé Pr Brouri, sont ceux de la première étape, à savoir de screening. « Les données de l'étape de confirmation sont en cours d'exploitation et les résultats viendront pondérer ceux de la première étape. Ces résultats préliminaires sont à interpréter avec beaucoup de réserve, car non définitifs », a-t-il précisé. Ainsi, ces premiers résultats, rendus publics dans le but d'interpeller et de sensibiliser les professionnels au dépistage, ont révélé que 155 692 personnes ont une glycémie capillaire pathologique, soit 11% de l'effectif inclus. Beaucoup de risques à l'horizon 2025 « Il s'agit d'une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,2 g/l chez 4,2% des personnes examinées et d'une hyperglycémie post-prandiale supérieure à 2 g/l chez 6,8%. Par ailleurs, une hyperglycémie modérée à jeun entre 1,10 et 1,25 g/l, catégorie à très haut risque de devenir diabétique dans les années à venir, est retrouvée dans 19,2% des cas », a expliqué Pr Brouri. Pour l'HTA, des chiffres tensionnels supérieurs ou égaux à 140/90 mm Hg sont retrouvés chez 19,2% des personnes examinées. Concernant l'obésité, l'opération a montré que le BMI (Body mass index) est supérieur ou égal à 25 dans 49,8% des cas de l'obésité abdominale, facteur à haut risque cardiovasculaire. « La situation est alarmante », a déclaré Pr Brouri en signalant que, pourtant, des solutions efficaces existent avec un excellent rapport coût/efficacité grâce à des interventions exhaustives et intégrées mises en œuvre à l'échelle du pays par et sous la direction des pouvoirs publics et impliquant tous les secteurs. Il a rappelé que de nombreux pays l'ont fait avec beaucoup de succès qui se sont traduits par une réduction importante des décès prématurés chez les moins de 70 ans et des économies substantielles en matière de dépenses nationales de santé en faisant référence aux expériences finlandaise et chinoise. Pour le professeur, si rien n'est entrepris pour arrêter cette véritable explosion épidémique, il faudrait s'attendre à supporter un fardeau socioéconomique encore plus lourd. Il a averti qu'à l'horizon 2025, on risque d'avoir 1 000 000 de rétinopathies, 500 000 insuffisances rénales, 500 000 cardiopathies ischémiques, 500 000 artériopathies des membres inférieurs et 150 000 accidents vasculaires cérébraux dont la prise en charge exigera des moyens financiers et humains colossaux. A noter que d'autres thèmes portant sur d'autres pathologies lourdes seront débattus lors de ces trois journées du forum, tels que le cancer, l'asthme, les allergies alimentaires et la goutte. Soulignons qu'à l'ouverture officielle des travaux de ce forum, le prix de la revue médicopharmaceutique a été décerné aux trois premiers lauréats. D'une dotation globale de 1 000 000 DA, ce prix a récompensé des travaux de recherche de médecins généralistes ayant travaillé sur le diabète, le VIH sida et la cardiologie.