Dimanche 18 juin, vers 11 h, la zone industrielle de Béchar, située au sud-ouest de la ville sur l'ancienne route de Kénadsa, est plongée dans la torpeur de l'été. Le silence pesant qui l'entoure ne semble pas indiquer que l'on se trouve sur l'espace industriel censé être le poumon des activités économiques de la région. Quelques grosses entreprises économiques pour la plupart publiques (Sonelgaz, Eriad les Moulins, SNLB, EPTP, une société des travaux publics, et une entreprise privée les Moulins Lardja) éparpillées sur une assiette foncière disproportionnée rappellent au visiteur la vocation de l'endroit. A proximité du tissu industriel embryonnaire, de vieilles carcasses d'autocars au nombre indéterminé accidentées, éventrées et rouillées par le soleil de plomb des grandes chaleurs et appartenant à la SNTV sont plantées là, à la fois témoin et vestige de l'époque de la gestion de l'économie planifiée des années 1970-1980. Créée en 1974 par arrêté du ministre de l'Habitat de l'époque et d'une superficie de 152 ha, la zone industrielle de Béchar souffre aujourd'hui d'une foule de problèmes dont notamment l'absence de viabilisation du site et des investisseurs potentiels. C'est le centre d'étude et de réalisation en urbanisme de Tlemcen, un organe public dénommé URBAT, qui est le propriétaire juridique de la zone. Mais la société de gestion immobilière, un organisme créé en 2004 placé sous la tutelle directe du chef du gouvernement, en est le gestionnaire. 122 ha sont répartis sur 146 lots dont 121 ont fait l'objet de cession, 32 lots actes et 74 sont en cours de finalisation pour être remis à leurs propriétaires. Actuellement, 17 entreprises y sont implantées. Selon une source fiable dans le passé, l'absence de viabilisation du site industriel constituait l'obstacle rédhibitoire pour tout investisseur qui voulait s'installer, malgré, nous a-t-on affirmé, la modicité toute relative du prix de cession du mètre carré. mais entre 1996 et 1998 le prix du foncier fixé à 440 DA le mètre carré a grimpé en 1999 à 650 DA pour atteindre finalement en 2006 le prix jugé exorbitant de 1000 DA. Selon la même source autorisée, la voirie à 72%, l'AEP à 69% et l'éclairage à 0%. Pour plaider le dossier de cette zone industrielle longtemps délaissée, la wilaya a récemment sollicité au ministre de l'Industrie un crédit de 45 milliards de centimes pour entamer une réelle réhabilitation de cet espace économique encore vierge. Une enveloppe budgétaire de 30 milliards de centimes vient d'être allouée à la wilaya dans le cadre du Fonds du Sud. La somme débloquée, a-t-on confié, s'avère nettement insuffisante pour achever les travaux de réhabilitation qui restent à entreprendre. Notre interlocuteur expert en matière d'investissement plaide pour une véritable décentralisation des crédits alloués au profit des collectivités locales qui reste, à ses yeux, impérative si l'on veut satisfaire les besoins réels exprimés par les responsables des régions éloignées des centres de décision. Approfondissant la logique économique, notre interlocuteur a particulièrement mis l'accent sur l'aberration qui existe encore en matière de prix de cession du mètre carré actuel (1000 DA) dans les régions du Sud et qui est identique, dira-t-il, au prix pratiqué dans les zones industrielles du Nord. Avec un tel tarif du foncier au Sud, « aucun investisseur habitant à proximité du littoral ne prendrait le risque de venir s'installer ici si le marché n'offre aucune attractivité et opportunité avantageuse », soulignera-t-il, en pesant ses mots. Il conclura sur l'indispensable nécessité de réfléchir dans les meilleurs délais sur l'amendement des textes relatifs à l'investissement au Sud qui doit être aussi soutenu par d'autres avantages fiscaux si la volonté affichée par les décideurs est réellement celle de relancer les activités de petites et moyennes entreprises créatrices d'emplois et donc de résorption du chômage qui frappe aussi durement les populations des régions reculées du pays.