La consommation d'électricité enregistre une augmentation de 5% chaque année en Algérie. Une croissance qui s'accompagne d'une hausse de la tarification qui a suscité une vague de colère populaire dans les wilayas du Sud. Les habitants n'en croyaient pas leurs yeux à la vue des montants exorbitants de la redevance trimestrielle relative à la saison estivale. La réaction apaisante du gouvernement, qui s'est engagé à réviser la méthode de taxation de l'énergie électrique dans les régions sahariennes, n'a pas encore eu de retombées directes sur les factures actuelles, dont certains ont refusé le paiement, en les retournant à la SDC. Un projet de soutien à la consommation énergétique au Sud est donc en gestation dans le groupe Sonelgaz et sera bientôt soumis à l'approbation du Conseil des ministres. Son contenu ? L'Etat algérien s'engagerait à supporter cette facture à hauteur de 65%. Entre-temps, la direction de distribution du gaz et de l'électricité SDC Ouargla, dont les chargés de communication avaient attiré l'attention des consommateurs sur la hausse des tarifs via des spots radiophoniques et des supports imprimés remis avec la dernière facture, reviennent à la charge avec un forcing en front-office. La Société de distribution d'électricité et de gaz du centre a, en effet, lancé, ce mardi, une série de manifestations portes ouvertes sur ses services dans le cadre d'une campagne nationale de sensibilisation de ses abonnés sur la rationalisation de la consommation de l'énergie électrique à usage domestique. Ahmed Brahimi, directeur de wilaya répond sans ambages à El Watan Sud : - Vous optez pour la communication directe avec le citoyen qui ne cache pas sa colère. Quels sont vos arguments ? Avec la hausse de la tarification, nous voulons parler directement au consommateur. Nous lui parlons de gestes simples et utiles pour diminuer sa consommation sans toucher à son confort. Un contrat gagnant-gagnant, qui nous permettra de mieux planifier nos investissements et d'assurer une continuité et une qualité de service pour notre clientèle. Nous visons le simple citoyen, avec des prospectus et des données élémentaires à lire pour prendre en main sa consommation. Une projection qui va défiler à longueur de journée avec des solutions palpables et à la portée de tous. Vous répondez à la révolte des citoyens en hiver ? Il s'agit de nous rapprocher de l'abonné par une campagne ciblée qui complète nos campagnes annuelles de rationalisation de la consommation électrique. La seule différence cet hiver, c'est que nous avons des clients plus réceptifs à notre discours, suite à la hausse des factures qui, je le rappelle, a été décidée par le gouvernement et non pas notre société. Bien avant la mise en place de la nouvelle tarification, des dépliants explicatifs ont été distribués avec les anciennes factures. Ce qui a surpris le client, c'est l'application des nouveaux tarifs, coïncidant avec une consommation de pointe en été, vu l'utilisation de la climatisation en mode H24. - Ce que le citoyen ne s'explique pas est justement le fait de ne plus bénéficier d'un soutien spécifique aux zones sahariennes. Bien au contraire, j'estime que l'Etat a bien réparti son aide à travers les tranches de kilowatts/heure destinés aux couches les plus démunies. Pour la première tranche de 0-125 kWh, la seconde de 125-157 et même la troisième 700-1000 le client ne paye pas plus de 4DA le kWh. C'est au-delà des 1000 kWh que ça devient plus cher et c'est normal. Le problème dans notre pays est l'inexistence d'une culture de rationalisation de la consommation dans tous les domaines, y compris l'électricité. Dans tous les foyers, nous utilisons la lumière en plein jour, même quand on n'en a pas besoin, nos enfants laissent le frigo ouvert trop longtemps, l'achat d'électroménager ne se fait pas en fonction de la consommation d'énergie, mais du prix d'achat et même l'usage de certaines résistances, comme le fer à repasser n'est pas conforme aux règles textiles. Il faut remarquer qu'au Sud, les climatiseurs fonctionnent H24, y compris dans l'administration, même quand il n'y a personne à la maison ou au bureau. Ce sont de nouveaux réflexes qu'il faut instaurer. - Comment allez-vous vous y prendre ? Nous savons que tous nos investissements sont destinés à assurer une demande d'énergie en période estivale. Or le client estime que parce qu'il fait chaud il peut gaspiller l'énergie sans aucune retenue. Nous calculons la redevance selon les quantités consommées et le citoyen doit comprendre qu'il peut consommer mieux en consommant moins avec de simples gestes qui ne lui coûtent rien hormis un prise de conscience de la nécessité de s'éduquer et d'éduquer sa famille pour mieux consommer. Comment ? En n'utilisant que ce dont il a besoin et en réduisant les sources de gaspillage que sont l'usage d'équipements non conformes, le thermostat basse température qui consomme plus sans apporter davantage de confort, l'utilisation des appareils à résistance durant la tranche horaire allant de 18hà 22h. - Justement, les citoyens sont étonnés de ce revirement puisque vos recommandations plaçaient la tranche de pointe entre 11h et 16h et non pas 18h-22h. Qu'est-ce qui a changé ? Il faut savoir que seuls les agriculteurs et irriguants ont la possibilité d'opter pour la double tranche journalière, donc la double tarification. C'est ainsi qu'ils peuvent stocker l'eau le soir pour l'utiliser dans la journée et bénéficier ainsi d'une économie de tarification dite nocturne. Les foyers, quant à eux, n'y sont pas soumis et doivent restreindre leur consommation durant la tranche allant de 18 à 22h, qui est la plus chère de la journée. Il faut donc repasser dans la journée et éviter de laver le linge le soir. - Expliquez-nous la rationalisation en été ? Ne pas utiliser plus d'un climatiseur par foyer ? Privilégier le ventilateur ? Brancher son climatiseur à 25° quand il fait 50° par peur d'être surtaxé ? Nous n'avons jamais demandé aux gens de ne pas allumer plusieurs climatiseurs. C'est le confort de tous que nous visons et pour ce faire nous en appelons à une prise de conscience collective par rapport à ce problème. Le soutien à la facture d'électricité est envisagé par les pouvoirs publics, mais l'Algérien, ou qu'il soit, y compris dans le Sud et surtout quant il fait +50°C doit aussi rationaliser sa consommation en évitant le gaspillage et la déperdition d'énergie. Notre campagne de sensibilisation se poursuivra jusqu'à ce que ces réflexes simples et pratiques soient assimilés et je vous assure que cette facture qui hante la communauté des habitants du Sud en été, en particulier, peut largement être maîtrisée, tout en garantissant le meilleur confort pour les plus vulnérables. Je suis convaincu que notre vulgarisation donnera de bons résultats.