La facture de l'énergie électrique sera réduite prochainement pour les populations du sud du pays. C'est en gros ce qu'a annoncé jeudi devant les parlementaires le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. Face à la montée de la grogne dans les grandes villes du sud du pays où les hausses des factures de l'électricité et du gaz ont provoqué des manifestations, notamment à El Oued fin septembre dernier, le gouvernement semble aller vers une solution qui pourrait arranger autant les citoyens du Grand Sud que les sociétés de distribution de l'électricité et du gaz. M. Bedoui a indiqué qu'une «commission restreinte» a été créée pour examiner la possibilité de réduire les factures d'électricité pour les populations du Sud, en particulier durant l'été, marqué dans ces régions par de fortes chaleurs, et donc une hausse importante de la consommation d'énergie par l'usage des climatiseurs. Le ministre a expliqué dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière à l'APN consacrée aux questions orales, que «les populations du Sud ont exprimé leur préoccupation à l'égard de la hausse des factures d'électricité notamment durant l'été», et cette 'préoccupation a été prise en compte dans le cadre de l'action gouvernementale''. Il a ajouté que 'sur instruction du Premier ministre, une commission retreinte se penche actuellement sur l'examen de cette question et présentera des propositions afin de prendre des mesures et des décisions à même de soulager le citoyen». Fin septembre dernier, des manifestations de protestation ont été organisées dans plusieurs régions du Grand Sud, notamment à Béchar, Adrar et El Oued pour dénoncer des hausses allant du simple au triple de leurs factures, selon des manifestants à El Oued. Avec les hausses annoncées dans le projet de loi de finances 2017, même si officiellement il n'y aura pas de révision à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, il est évident que ces hausses dans le secteur des carburants vont se répercuter sur la facture énergétique pour les populations du Grand Sud. Ce qui, à l'évidence, va générer un climat de tension dont le gouvernement, actuellement, doit faire l'économie. Et pourtant, les besoins en énergie électrique dans le grand sud du pays, où de fortes chaleurs sévissent presque durant 8 mois, ne sont pas les mêmes que dans le Nord, où les températures sont plus clémentes. En fait, en juin 2012, le groupe Sonelgaz avait annoncé qu'il devait procéder à la création d'une nouvelle entreprise qui aura pour charge la gestion de la consommation de la région sud du pays. L'ex-PDG du groupe, l'actuel ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, avait lui-même annoncé cette solution pour gérer les besoins en énergie dans le sud du pays où la consommation d'électricité a connu des «pics» et une hausse, dépassant de très loin les prévisions des sociétés de distribution de Sonelgaz. Dans le lot, il y a en effet les wilayas et régions isolées de Tindouf, Tamanrasset, Touggourt, Hassi Messaoud, El Oued, Ghardaïa, El Goléa, Illizi, In Salah, autant de villes et oasis très peuplées où les températures dépassent les 50° et approchent les 60°. Même si les populations du Sud ne paient que 50% de la facture d'électricité, avait reconnu M. Bouterfa, «le paiement de la totalité du coût de la consommation électrique serait lourdement pénalisant pour les budgets des familles du Sud, vu les conditions climatiques de la région. Cette population consomme le double de ce qu'elle paie dans les périodes de fortes chaleurs, ce qui nécessite un investissement de plus», avait-il estimé, avant de préciser que « ceci nous oblige à changer le mode de gestion dans cette région». Entre le baril de pétrole à 100 dollars en 2012 et celui à moins de 50 dollars en 2015, le choix a été vite fait: les hausses décidées par le gouvernement en 2016 dans la loi de finances pour les tarifs de l'électricité ont réduit à néant le fragile équilibre maintenu jusque-là dans le paiement des factures d'électricité des populations du Sud, qui ne payaient que 50% de leur consommation. Les hausses sont passées et voici venir les temps de la contestation. En effet, si pour l'électricité basse tension, aucune augmentation de prix n'est appliquée pour les consommations comprises entre 0 et 125 kWh/trimestre (tranche 1) et entre 125 et 250 kWh/trimestre (tranche 2), des hausses de 15,15% et 31,13% par rapport au prix actuel de la tranche 2 ont été appliquées respectivement à la tranche 3 (entre 250 et 1.000 kWh/trimestre) et la tranche 4 (supérieure à 1.000 kWh/trimestre). La consommation des populations du sud du pays se situe dans la tranche 3 à 4. Selon la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG), environ 54% des petits consommateurs d'électricité et 43% des petits consommateurs de gaz sont concernés par les augmentations de la tranche 3, tandis que 22% des petits consommateurs d'électricité et 14% des petits consommateurs de gaz sont touchés par les relèvements de tarifs de la tranche 4. La différence fait grincer des dents les gens de ces régions du grand sud du pays, souvent démunis et ont peu de ressources pour faire face à une facture d'électricité «salée», même réduite de 50%. L'intervention du gouvernement serait pour beaucoup de gens du Sud «la bienvenue».