Les 10es Journées euromaghrébines sur la communication publicitaire, organisées par RH International Communication, se sont ouvertes hier à l'hôtel El Aurassi (Alger). Naila Merouane, directrice marketing et études à l'agence MediAlgeriA, a déclaré que le marché publicitaire algérien pèse autour de «200 millions de dollars par an, soit 0,1% du PIB. A titre comparatif, celui de la Tunisie est de 110 millions de dollars (0,3% du PIB) et celui du Maroc est de 566,5 millions de dollars (1,2% du PIB)». Riad Aït Aoudia, directeur de cette même agence, a déclaré : «Même si c'est la crise, les entreprises continuent à communiquer. Depuis 2000, il y a eu une croissance permanente des budgets publicitaires, excepté en 2009. Mais nous sommes réellement dans une période d'incertitude après la baisse des revenus pétroliers. Le secteur de l'automobile a été touché avec la volonté de changement de modèle après une période faste. Par contre, l'électroménager et le téléphone portable ont augmenté.» Et d'ajouter : «Lorsqu'il y a une crise, la première chose que font certaines entreprises est une coupe dans les budgets publicitaires. C'est une bonne solution à court terme, mais qui cause du tort à la marque. L'affichage aide à construire les marques, mais les visuels doivent être adaptés.» Sollicité, Samy Benoussaid, directeur exécutif de JC Decaux Algérie, nous a confié : «Le marché publicitaire est intrinsèquement lié à la santé économique d'un pays. Et donc tout ralentissement économique est le plus souvent accompagné d'un gel, voire d'une réduction des dépenses publicitaires de la part des annonceurs. Soit pour marquer leurs incertitudes quant au contexte, soit en réponse à de réelles problématiques financières. Et l'Algérie n'échappe pas à la règle. Nous observons déjà ce phénomène en 2016, avec une contraction significative des dépenses publicitaires de la plupart des annonceurs, exception faite du secteur agro-alimentaire. Nous espérons que 2017 verra se reprendre le marché, même si nous pensons que l'année sera encore difficile.» Les participants ont relevé le fait que la publicité ne doit pas être perçue comme une technique froide, mais qui doit éveiller des émotions et des sensations qui garantissent une meilleure communication. Les sociétés ne doivent surtout pas s'emprisonner dans un carcan qui limite la créativité et la liberté de s'exprimer. Il faut adopter les bonnes pratiques du marketing qui évitent la publicité mensongère. «Il faut être prudent quand il s'agit d'emploi de superlatifs de type 'nous sommes les meilleurs, le n°1' car il faut être précis en disant en quoi la marque est n°1 historiquement ou en nombre d'abonnés ? Dans la téléphonie mobile, l'ARPT statue sur le message promotionnel. Il y a aussi des allégations de santé dans l'agroalimentaire. Il faut tenir compte dans ce cas de ce que dit par exemple l'OMS», commente Riad Aït Aoudia. Dans un message vidéo, Dominique Wolton, directeur de la revue internationale Hermès et directeur de recherche au CNRS a déclaré : «La publicité est un facteur de communication évident. Mais il faut tenir compte de votre culture et être capable de marier tradition et modernité. Il faut avoir confiance en soi car vous avez un patrimoine extraordinaire.»