Les participants à la onzième conférence africaine économique (CEA) ont appelé à un consensus sur les moyens de réussir à plus grande échelle la transformation du secteur agricole en Afrique. L'objectif étant de stimuler l'industrialisation dans cette région riche en matières premières alimentaires et, par ricochet, d'assurer une croissance inclusive. Organisée sous le thème «Nourrir l'Afrique : vers une agro-industrialisation pour une croissance inclusive», la rencontre a mis l'accent sur l'importante de l'agriculture et de l'agro-industrie dans le développement économique du continent noir et dans le renforcement des échanges interafricains. Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a fait remarquer que l'agriculture avec un PIB à hauteur de plus de 28 %, constituait la clé d'une croissance accélérée, de la diversification et de la création d'emplois pour les économies africaines. «L'agriculture offre les matières premières nécessaires au développement industriel. Les produits alimentaires représentent la part de la plus élevée de l'indice des prix à la consommation et pouvoir offrir des produits alimentaires bon marché est essentiel à la maîtrise de l'inflation», a-t-il résumé, avant d'expliquer : «Quand l'inflation est faible, les taux d'intérêt diminuent et les investissements de la part du secteur privé deviennent plus importants. Un secteur agricole plus productif, plus efficace et plus compétitif est indispensable à la stimulation des économies des zones rurales, où vit la majorité de la population africaine.» D'où l'appui à l'agriculture. Dans ce cadre, la BAD a affecté 800 millions de dollars aux «technologies pour la transformation de l'agriculture en Afrique» (TTAA). Ces fonds ciblent, à titre indicatif, 40 millions d'agriculteurs sur une période de dix ans et devraient leur permettre de développer à grande échelle l'emploi de nouvelles technologies agricoles. Développement agroalimentaire «Notre objectif est simple : contribuer à un développement agroalimentaire très fort dans toute l'Afrique. Pour ce faire, il faut des politiques publiques bien ciblées destinées à stimuler le secteur agricole, surtout l'agroalimentaire et les entreprises de fabrication d'aliments», a encore souligné le numéro un de la BAD, pour qui les agriculteurs ont besoin de «soutien à l'amélioration de la croissance». En d'autres termes, un dispositif où les petits exploitants reçoivent un soutien ciblé en intrants afin de pouvoir utiliser les technologies nouvelles. La mise en place de vastes «zones de traitement des cultures de base» et de «zones agro-industrielles» avec les infrastructures nécessaires et des dispositifs de partage des risques serait très utile aussi, selon la Banque africaine. Pour Abdoulaye Mar Dieye, sous-secrétaire général de l'ONU et directeur du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique, les gouvernements africains sont appelés à collaborer avec leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux en vue de soutenir le programme d'industrialisation agroalimentaire du continent. «L'agriculture peut être la voie royale menant à la prospérité de l'Afrique, c'est le carburant à indice d'octane élevé qui, s'il est traité convenablement, peut transformer radicalement le continent», a-t-il soutenu. Mais, faudrait-il que les pays développés et émergents apportent leur appui en éliminant, entre autres, les entraves aux échanges commerciaux, les subventions agricoles à l'exportation nuisibles et le protectionnisme régional. Autant d'obstacles qui limitent l'accès de l'Afrique aux marchés extérieurs.