La recrudescence des accidents impliquant des piétons a atteint des proportions alarmantes et qui nécessitent une intervention de toutes les énergies saines pour une collaboration en vue de prendre les mesures et actions nécessaires afin d'arrêter cette tragédie. Dernièrement, des banderoles de sensibilisation sur la sécurité des piétons et le respect du code de la route ont été placées au niveau de plusieurs artères de la wilaya d'Alger, l'une d'elles a attiré mon attention en raison de l'intensité de son message : « La protection des piétons est un devoir national, il y va de la responsabilité de tous. » Bousculé aussi par plusieurs articles parus dans le quotidien El Watan relatifs à la mort de piétons et particulièrement celui paru, le 27 octobre 2005, à propos d'un jeune de 15 ans tué par un chauffard juste devant la sortie de son collège, intitulé : « Une mère éplorée réclame justice » ; à la fille qui demande assistance pour sauver sa jambe après avoir été percutée par un chauffard ; de ce bébé de 2 ans écrasé devant sa maison par un camion à Biskra ; de cette mère tuée par un chauffard à la veille de l'Aïd sur la route de Baba Hassen ; à cette mère et sa fille tuées toutes les deux en traversant « la route de la mort » pour aller au cimetière d'El Alia pour se recueillir sur la tombe d'un proche mort la veille et autres piétons victimes de chauffards ignorées par les élus, par les responsables chargés de la sécurité routière et par les médias. Particulièrement aux victimes de la route de l'aéroport au niveau des arrêts de bus de la cité AADL Concorde civile où aucune action n'a été prise pour arrêter le massacre qui se déroule quotidiennement devant nos yeux sans que personne réagisse. Pourtant une solution technique existe qui consiste en l'installation d'un feu tricolore à deux phases (une pour véhicules et une autre pour piétons) avec une signalisation horizontale et verticale appropriées à la situation et à la zone. Aux articles d'El Watan du 5 mars 2005 intitulés : « La capitale est-elle mal gérée ? » et « Une facture médicale coûteuse et des traumatismes considérables ; une approche scientifique pour la prévention routière » sur les accidents de la circulation, qui ont résumé parfaitement le danger vers lequel nos villes se dirigent d'une manière directe et aussi du coût assez considérable des accidents de la route sachant que les études et statistiques actuelles montrent que 80% de la population algérienne est concentrée dans les villes et que malheureusement ça va en empirant si les responsables en question ne prennent pas les décisions et actions nécessaires pour faire face à cette situation catastrophique, à savoir promouvoir les aménagements urbains pour piétons, la sécurité routière et des transports collectifs, cela va de l'avenir de nos villes. Espérant que des oreilles intègres, non égoïstes, courageuses et ayant le sens de la vie collective et du bien-être se manifestent pour prendre au sérieux ces problèmes prioritaires tant qu'il est temps ; en mettant en œuvre des actions pour le court terme et le long terme en se basant sur des études, afin de mettre en place une politique générale des déplacements basée principalement sur le transport collectif et les piétons, et ce, pour l'ensemble de nos villes. Il est vital que nos décideurs prennent conscience des enjeux et de l'impact d'une politique des déplacements basée sur les transports collectifs et la vie sur la population et sur le développement de l'Algérie. Car la situation catastrophique actuelle, fort dégradée, est le fruit d'une approche erronée et qui continue a être privilégiée par nos responsables, qui consiste à laisser l'automobile envahir la ville et en faire le mode privilégié pour les déplacements au lieu de favoriser les piétons et les transports collectifs par des aménagements urbains de qualité conformes aux normes et standards internationaux pour la ville d'Alger et toutes les villes d'Algérie. D'ailleurs pour l'année 2005, le parc automobile a subi une hausse incroyable de 29% par rapport à l'année 2004, soit plus de 251 000 véhicules et que 80% de la population algérienne est concentrée dans les villes. Simple question : est-ce que l'offre de la voirie a subi la même hausse de 29% ? Est-ce que de nouvelles techniques de gestion de la circulation ont été introduites pour prendre en charge ce parc additionnel ? La réponse est claire et elle s'est traduite par l'impossibilité de circuler au niveau de la capitale et aussi du nombre d'accidents enregistrés. Car il est impossible techniquement et financièrement d'augmenter l'offre de voirie de 29% en ville. Malheureusement, les autorités ne trouvent comme solution que l'augmentation de la capacité de la voirie qui provoque le cercle vicieux : « augmentation de la capacité de la voirie provoque l'augmentation de l'usage de la voiture qui provoque la congestion qui provoque la solution de l'augmentation de la capacité de la voirie et ainsi de suite. » Or l'unique solution est de changer de stratégie et de politique en orientant les investissements futurs vers les transports collectifs (tramways et bus) et les aménagements pour piétons. Il est important de corriger les mentalités et que la cible n'est pas « le pauvre piéton sans défense » et que le manque de civisme et de discipline des piétons est du principalement à un manque de considération par nos élus et l'absence totale d'aménagements qui répondent aux normes internationales (aménagement de cheminements piétonniers, de carrefours avec prise en charge des piétons, des trottoirs. Quand ils existent, ils sont soit annexés par des voitures en stationnement, soit comme aire de stockage pour les magasins ou aires de vente, soit par une signalisation anarchique et dangereuse, soit par des poteaux électriques et maintenant par des cabines téléphoniques anarchiquement installées au niveau de certains endroits.) Je rappelle que l'Algérie est le seul pays où les piétons demandent l'autorisation pour traverser au niveau des passages protégés et remercient en plus ceux qui les laissent traverser. A une question que j'ai posée à un ami étranger visitant pour la première fois notre pays : « Qu'elle est la chose que vous n'avez pas apprécié en Algérie ? » Sa réponse était : « De voir des enfants et des personnes âgées traverser l'autoroute et l'absence de prise en charge des piétons par des aménagements spécifiques et de qualité permettant des promenades et apprécier une belle ville comme Alger. » A titre d'exemple, le maire de Paris a précisé dernièrement que la ville de Paris est en retard de 10 ans en matière de développement des transports collectifs (tramway, téléphériques, couloirs bus, etc.) et cheminements piétonniers par rapport aux grandes villes en France et en Europe. D'ailleurs, le tramway revient à Paris après avoir disparu depuis 70 ans. Alors, j'ai peur de vous dire le retard de la ville d'Alger ou autres dans ce domaine, à savoir les transports collectifs et déplacements piétons, par rapport aux autres pays. Dernièrement, des études ont été lancées pour l'installation de 3 téléphériques au niveau de la capitale et de la réalisation du tramway d'Alger. J'espère que ces deux projets arriveront à leur terme en urgence, auront le support politique de nos élus et députés surtout ne subiront pas le même sort que celui du Métro d'Alger (25 ans de retard !!!) et entre autres, lancer d'autres lignes de tramways dont une contournera la capitale par son côté sud afin de desservir toutes les zones actuellement très mal desservies, à savoir Dély Ibrahim, Ben Aknoun, Saïd Hamdine Garidi, Aïn Naâdja) avec une possibilité d'extension de la ligne jusqu'à l'aéroport d'un côté et de l'autre jusqu'à Zéralda et une autre ligne Birkhadem-Hussein Dey en passant par le Ravin de la femme sauvage. La réussite de ces projets doit être consolidée par la mise en place en urgence d'une autorité organisatrice multidisciplinaire des transports collectifs ayant les pleins pouvoirs juridiques pour mettre en place un cadre juridique qui permettra le financement continu de ce service publique (transport collectif) très important pour les familles pauvres et l'amélioration de la qualité de vie et surtout ne pas refaire les erreurs du passé, à savoir négliger le volet formation. Il est donc primordial de lancer « maintenant » des formations spécialisées sur les transports collectifs, aménagements urbains et autres spécialités plus spécifiques sur la gestion/conduite/maintenance des tramways pour prendre en charge la gestion future de ces ouvrages lourds et nécessitant un savoir-faire de haut niveau. Le Conseil des ministres s'est réuni pour parler des ralentisseurs, pourquoi pas un Conseil des ministres qui tracera à court et long termes une politique sur les transports collectifs, piétons, aménagements urbains et la sécurité routière ? Il est important de signaler que seules des décisions courageuses basées sur une vision future mettra nos villes hors de danger et loin de cette anarchie actuelle en matière des transports collectifs et aménagements pour piétons qui caractérise nos villes et dont le peuple est en attente et lesquels les élus et députés auraient dû initier et défendre. A titre d'exemple, une émeute a été enregistrée à Annaba à cause d'une augmentation du coût des transports collectifs et dans d'autres villes à cause de leur absence ou pour l'installation de ralentisseurs pour protéger leurs enfants des criminels de la route. Qu'est-ce qu'un cheminement piétonnier ? C'est une route constituée de trottoirs, de traversées piétonnes, de végétation, d'éclairage, de signalisation verticale et horizontale (marquage au sol), d'une place publique qui permet aux piétons de ce déplacer d'un endroit à un autre en toute sécurité et de canaliser les flux piétonniers de manière organisée. En plus, le cheminement doit être aménagé selon les normes et standards qui permettent aussi aux personnes âgées, aux enfants et aux handicapés de se déplacer en toute sécurité. (A suivre) L'auteur est Manager au sein d'une entreprise, Ex-ingénieur en travaux publics Spécialiste en aménagement et circulation urbains