Rien que pour la capitale, les éléments de la Protection civile ont enregistré 3 morts et 96 blessés au cours de la dernière semaine du mois de janvier. Durant cette même période, il y a eu 114 interventions pour des accidents de la route. Le bilan est alarmant et les chiffres sont en constante augmentation. L'ampleur du phénomène est telle que l'association SOS-Nedjda, qui n'en est pas à sa première action dans le domaine, a confectionné un rapport sur l'accidentologie routière comportant 100 propositions pour la maîtrise de la circulation routière. C'est après avoir organisé un séminaire national sur le thème “Accidents de la route et prévention”, qui a eu lieu au cours du mois de décembre 2007 à Timimoun, que l'association a élaboré un ensemble de recommandations ainsi qu'un rapport national de lutte contre les accidents de la route transmis au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui, lors d'un discours prononcé le 18 mai 2004, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, avait précisé combien ce thème lui importait. “Les accidents de la circulation représentent une plaie profonde et une perte de substance grave pour le pays. La riposte au fléau des accidents de la circulation doit, désormais, constituer un véritable combat de tous les instants. Ce combat sera engagé dans le cadre d'une stratégie nationale présentant le double caractère prioritaire et durable et impliquant non seulement, tous les niveaux institutionnels, mais aussi la société civile et le mouvement associatif”, avait-il déclaré. Cette déclaration n'est pas restée vaine puisque l'association SOS-Nedjda, présidée par le Dr Smaïl Boulbina, a réussi le défi de coordonner, via ce séminaire, l'action d'un comité d'organisation composé de représentants de divers départements ministériels (Transports, Travaux Publics, Justice...) ainsi que de l'instance législative nationale, la Protection civile, la Gendarmerie nationale et la Direction générale de la Sûreté nationale. Le secteur des assurances a également pris part de manière active à ce séminaire. Le Conseil national des assurances (CNA) a apporté sa contribution dans la préparation de ce rendez-vous et dans l'animation des débats internes au secteur. Selon ce rapport, on compte cinq facteurs responsables des accidents de la route, à savoir le facteur humain, l'état de la voierie, la signalisation routière, l'état du véhicule et la législation. Il est également précisé que même si les statistiques officielles incriminent le facteur humain dans 90% des cas, la réalité démontre que les facteurs, route, signalisation et véhicule sont directement ou indirectement responsables d'un taux d'accidents nettement supérieur à celui avancé par ces mêmes statistiques. Ce rapport est basé sur 25 années de recherche sur l'accidentologie, sur les recommandations issues des trois séminaires (1987-1997-2007) et sur des enquêtes menées auprès des usagers de la route, des services d'ordre, de secours et de santé. L'objectif est d'essayer d'analyser les causes directes et indirectes des accidents de la circulation et de proposer des mesures simples, peu coûteuses, faciles et rapides à appliquer. Ce ne sont pas moins de 100 propositions que contient ce rapport et pour en donner un aperçu, en voici quelques-unes : - création d'un organisme de contrôle technique de la route et des travaux ; - généralisation de plaques de signalisation phosphorescentes et de lignes phosphorescentes sur la chaussée ; - responsabilité pénale et civile du constructeur ou du concessionnaire ; - interdiction du téléphone, de la télévision et de la vidéo ; - répression du trafic de permis ; - création de circuits d'apprentissage à la conduite privés ou publics agréés ; - sensibilisation des piétons ; - revoir les lois sur la responsabilité civile et pénale ; - brevet de secourisme obligatoire pour tout agent de l'ordre public ; - rendre obligatoire un test psychotechnique pour les chauffeurs professionnels ; - création d'un fichier national des auteurs d'accidents ; - standardiser les assurances. Pour finir, les auteurs de ce rapport estiment que “le facteur humain est responsable de 100% des accidents et nous sommes tous coupables de cette tragédie nationale, les politiques par leur passivité devant l'urbanisation accrue du nord du pays, les législateurs qui n'ont à ce jour pas élaboré un code de la route unifié, les administrateurs qui n'appliquent pas la loi en termes de passation de marchés et de suivi des travaux routiers, les ingénieurs et les techniciens complices des entrepreneurs, les entrepreneurs payés quelle que soit la qualité de leurs travaux, les douaniers qui ne contrôlent pas la conformité des véhicules et des pièces détachées, les médecins qui délivrent des certificats médicaux de complaisance d'aptitude à la conduite, les pharmaciens trafiquants de psychotropes, les automobilistes délinquants de la route, les piétons et cyclistes insouciants et inconscients et enfin tous les Algériens atteints du syndrome du Maktoub”. Amina Hadjiat