Les projets d'amélioration urbaine ont été abandonnés par les pouvoirs publics, tandis que le marché informel continue de proliférer au chef-lieu. La ville des Issers sombre inexorablement dans l'anarchie. Située à 23 km à l'est de Boumerdès, cette localité a perdu son charme d'antan. Il y a 60 ans, cette agglomération comptait à peine une cinquantaine de familles, dont la moitié était composée de colons. «A l'époque, il y avait ici quelques villas coloniales, deux églises et une mosquée, dont l'imam était connu sous le nom de cheikh Slimane El Ghazali. C'était aussi un nationaliste, qui avait organisé la prière de l'Adieu en hommage aux victimes du 8 Mai 1945», se souvient un septuagénaire. Les vastes champs de vigne et d'orangers se trouvant entre Oued Djmaâ et Oued Isser ont cédé la place au béton. Aujourd'hui, la ville n'est qu'un ensemble de blocs d'habitation implantés sans aucune étude les uns près des autres. Le marché, qui faisait la renommée de cette localité, baigne dans la boue et la saleté. Les espaces verts sont quasi inexistants au chef-lieu de cette commune qui compte plus de 35 000 habitants. Le jardin public sis au bord de la RN12, le seul dont dispose la localité, est devenu un réceptacle d'ordures et il est couvert d'herbes sauvages à longueur d'année. Le projet d'aménagement de ce jardin, pour lequel l'APC a dégagé 8 millions de dinars, est bloqué depuis plus de deux ans. Datant de la période coloniale, ce jardin s'appelait «La kermesse des marins». «L'endroit était doté d'une scène et d'objets d'ornement de style romain. Les marins se rencontraient là annuellement. Aujourd'hui, on n'a plus où aller pour déstresser. Même les arbres font défaut dans notre ville», regrette un autre habitant. Un peu plus loin, devant la zaouia Abderrahmane El Taâlibi, le décor frise l'indécence. Ce lieu de spiritualité est ceinturé par des commerces et des baraques de fortune où tout se vend et s'achète dans le désordre le plus total. La plupart des ruelles de la ville sont dépourvues de trottoirs. Le P/APC, M. Slimani, précise que les projets d'amélioration urbaine affectés à la localité sont à la traîne. Les chantiers lancés au chef-lieu pour un coût de 34 millions de dinars sont tous à l'arrêt. Le commerce informel fleurit dans de nombreux coins de la ville. Un marché aux dimensions d'un bidonville a pris forme entre des cités d'habitation et les arrêts de bus. Les occupants de ces baraques illicites disputent la place aux transporteurs et aux voyageurs. Pour remédier à cette situation, l'APC a lancé un projet de réalisation d'une nouvelle station de bus pour 16 millions de dinars. Mais les travaux connaissent beaucoup de retard. Les services de l'APC ont recensé 96 commerçants, dont 40 avaient bénéficié d'étals au nouveau marché de proximité. Malgré cela, l'éradication du marché informel tant décrié par les habitants du voisinage, n'est pas pour demain. Car son démantèlement est subordonné à la livraison du second marché couvert de Batimetal, qui est en cours de réalisation juste derrière le bureau de poste. Au plan culturel, les habitants regrettent l'époque où la salle de cinéma, l'Afrique, grouillait d'amoureux du théâtre et du 7e art. La salle est restée à l'abandon pendant plusieurs décennies. Face aux problèmes rencontrés pour sa gestion, l'APC n'a pas trouvé mieux que de la céder à l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Celui-ci projetait depuis quelques mois des films et autres spectacles, mais dans des salles presque vides.