Durement touchés par le gel des programmes de reboisement, les pépiniéristes (une vingtaine) de la wilaya de Boumerdès peinent à trouver acheteurs à leurs produits. «L'année passée j'ai jeté plus de 100 000 plants d'oliviers. D'habitude, je les vendais aux directions des forêts et d'agriculture qui les redistribuent aux montagnards et aux agriculteurs dans le cadre des programmes de renouveau rural, mais la plupart des programmes inscrits à cet effet durant ces deux dernières années sont bloqués à cause de la politique d'austérité du gouvernement», dira Aloua Lounès, 40 ans, propriétaire de l'une des plus grandes pépinières du pays. Père de deux enfants, Lounès passe le gros de son temps à prendre soin des arbustes au niveau de son exploitation qui se trouve au bord de la RN24 à Zemmouri. Créée avec son ami Fodil Salah, en 1997, cette pépinière s'étale sur 10 hectares et compte plusieurs serres abritant des milliers d'arbustes, toutes espèces confondues. En plus des arbres fruitiers et des espèces de reboisement tels que le pin d'Alep, Lounès et son associé cultivent et vendent aussi les plantes d'ornement dont les plus prisées sont l'acacia, l'araucaria et le washingtonia. «Il y a quelques années, on ne cultivait que les espèces demandées par le ministère de l'agriculture. On avait huit employés permanents et 40 saisonniers. On vendait jusqu'à 800 000 oliviers par an. Tous les programmes de plantation effectués dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira ont été réalisés avec nous. Cette année, on a 200 000 oliviers qu'on risque de jeter faute d'acheteurs. Car ces arbustes doivent être mis au sol une année après son implantation au niveau de la pépinière. Sinon ils risquent de ne pas grandir et donner des fruits à l'avenir», explique Lounès. Selon lui, le ministère de l'agriculture aurait dû les aviser à l'avance de l'arrêt des programmes de reboisement afin d'éviter leur faillite. Un avis partagé par Fatah H, propriétaire d'une importante pépinière à Aïn El Hamra, dans la commune de Bordj Menaïel. Comme Lounès et tant d'autres pépiniéristes de la région, ce passionné des arbres est contraint par la crise que vit le pays à réduire son activité en ne cultivant que les plantes d'ornement très demandées par les ménages. Car, dit-il, mêmes les arbustes plantés habituellement au niveau des centres urbains, à l'instar du ficus et du platane, ne trouvent pas preneurs à cause du manque des finances au niveau des communes.