La profession de pépiniériste est considérée comme un artisanat à part entière. Le rétrécissement des terres agricoles causé par l'invasion du béton n'a laissé d'autre choix à quelques agriculteurs que la reconversion à ce métier. Ils voulaient absolument rester attachés à la terre pour se réveiller dans la multitude de parfums offerts par le travail de leur dur labeur. Les pépinières ont de l'avenir devant elles. Les Algériens achètent de plus en plus de plantes. La demande dépasse l'offre. Le métier n'est pas soumis à l'obligation d'un diplôme ou d'une formation. Il fait plutôt appel à l'amour de la nature, des plantes et des arbres, voire au-delà. Les abeilles, par exemple, sont respectées par les pépiniéristes, car elles transportent des variétés de pollen. Ce secteur mérite aujourd'hui une attention des plus particulières. La lutte contre la désertification et l'embellissement des villes par la plantation d'arbres requièrent en premier lieu la contribution des pépiniéristes. «Il est aussi un créneau d'investissement prometteur», comme l'affirme M. Abdelkrim, propriétaire d'une pépinière à Chéraga. près une visite du site implanté au milieu de milliers de plantes, notre interlocuteur appuie ses dires en déclarant qu'«il est constamment à la recherche d'ouvriers ou d'individus sachant entretenir de grands jardins». La cinquantaine passée, mais avec une humeur juvénile, M. Abdelkrim ne s'est pas lassé de raconter des anecdotes faisant partie du passé, dont plusieurs ont disparu, dans une Algérie en pleine mutation. Il a néanmoins indiqué que «la tradition pépiniériste est d'ores et déjà ancrée dans sa famille». Père de 8 enfants, 5 ont ont déjà pris la relève. Les plantes demandent de l'entretien. Toute négligence ne serait que perte d'argent. M. Abdelkrim, moustache à la syrienne, a dans la foulée donné des astuces simples à appliquer pour la sauvegarde des plantes d'intérieur. Les arbrisseaux par exemple sont arrosables 2 à 3 fois par semaine, en fin d'après-midi uniquement, et absolument pas la matinée. Le laps de temps nécessaire pour absorber l'eau en soirée et durant la nuit. Une eau du robinet qui doit être gardée environ 24 heures dans le seau d'arrosage, afin que le calcaire puisse se déposer dans le fond. Des petites astuces qui garantissent de belles plantes toujours bien vertes ! Plantes d'extérieur et plantes d'intérieur Le printemps est la bonne période des ventes. Les plantes d'extérieur sont les plus vendues par les pépiniéristes. Celles d'intérieur sont achetées généralement par les entreprises et les administrations. «Dans ma pépinière, j'ai au moins 1000 espèces. 80% d'entre elles sont méditerranéennes, et les 20% restants proviennent d'autres horizons. J'ai des plantes d'Amérique du Sud, du Japon, comme l'icico nain, et d'Europe», indique-t-il. «En réalité, les plantes se vendent en toutes saisons. Mais en hiver, seules les plantes solides, comme les palmiers, la toile panachée, le jasmin, le galant de nuit (mesk ellil) et le chèvrefeuille s'arrachent», précise M. Abdelkrim. De l'avis du pépiniériste, les Ficus Hawaï sont les plus prisés, entre autres par les femmes. Leur prix s'élève à 1800 DA, alors que les chifflira sont à 3500 DA, le filet d'indru et le bottos à 600 DA. Ce sont les propriétaires de villas et de pavillons qui achètent en grande quantité, pour boiser dans leur jardin les palmiers d'arcin, monnayés à 3000 DA. Les pieds d'arbres fruitiers, comme le citronnier, le clémentinier, l'oranger de Thompson, l'olivier, le poirier ou encore le pommier, enregistrent des ventes appréciables. Ils sont vendus entre 100 et 200 DA. Le citronnier 4 saisons est marchandé lui à 700 DA. Autre espèce demandée, le sapin. Les initiateurs de projets écologiques en achètent énormément. Ils sont cédés entre 100 et 200 DA, alors que le sapin cisarin est vendu à 1000 DA et le sapin bougie à 1500 DA. Production bio La production des racines et des plantes est bio dans la pépinière de M. Abdelkrim, où le terrain de production est schématisé et divisé par des figuiers de barbarie datant de 1944. «Je n'utilise pas d'engrais chimiques. C'est néfaste pour la santé du citoyen. Ma pépinière est bio et elle le restera», insiste-t-il. «Ce n'est parce que la mode est à la défense de l'environnement, mais moi j'ai toujours utilisé le fumier pour donner des vitamines aux plantes». Notre interlocuteur garantit que les réserves de bouses de vaches à l'arrière de la pépinière sont bénéfiques pour toutes les plantes, quelle que soit l'espèce. Aussi, et pour garantir un meilleur résultat, la terre pour la plantation des plantes est achetée à 2000 DA le chargement de camion et à laquelle du fumier est ajouté et mélangé. Du fermier provenant de fermes de la wilaya de Médéa et vendu aux clients à 200 DA le sac. Puis vient la plantation de la racine et en bout de chaîne la tige à germer au fond du pot.