On peut contester l'appellation «théâtre technologique d'Oran» en remplacement du fameux «théâtre des travailleurs d'Oran» de l'époque de l'apogée du théâtre amateur où on considérait que les travailleurs avaient droit à une activité culturelle, de loisirs ou de sport. Mais la mission de l'association El Amel, héritière, est demeurée la même, c'est-à-dire former les enfants et les jeunes à l'amour du quatrième art. Certains en ont fait une vocation. «Ces dernières années, nous avons recensé une quinzaine de comédiens formés chez nous qui ont rejoint le TRO en tant que professionnels», indique Mohamed Belfedal qui a dirigé l'association pendant une bonne vingtaine d'années à partir 1991. Le TTO qui a élu domicile dans les locaux de l'ancien Automobile club d'Oran, sur la rue Mbarek El Mili, a été créé en 1976. «Depuis 40 ans que cela dure, je peux vous affirmer que près de 600 personnes ont fréquenté nos locaux pour s'initier à la dramaturgie et pas mal de troupes ont été fondées par des individualités formées chez nous», ajoute le même cadre associatif qui aligne plusieurs exemples de réussite dans ce domaine. Houari Chikhaoui de Mascara était étudiant à Oran et a profité de cet espace pour se former avant de fonder sa propre troupe «Firkat echourouk li madinat maascar» qui, en 2008, a décroché le prix de la meilleure réalisation en Jordanie. C'était pour dire que, d'une certaine façon, même les wilayas limitrophes ont bénéficié gracieusement de ce savoir-faire. Sinon, pour illustrer ses propos, M. Belfedal évoque les noms de Gouasmi Youcef, devenu metteur en scène, Meflah Larbi ou Safia Bouchegag. Lui-même n'avait que 14 ans lorsqu'il a commencé à fréquenter ce petit espace qui organise régulièrement des ateliers de tous genres. Le secret de la réussite réside sans doute dans le fait que les futurs comédiens entrent directement dans le bain. «Nous formions, explique-t-il, les jeunes directement sur des pièces existantes à l'instar de «La poudre d'intelligence» de Kateb Yacine sur laquelle nous avons beaucoup travaillé». Actuel président de l'association, Mohamed Mihoubi, était déjà animateur et c'est lui qui a eu l'idée d'introduire le théâtre d'improvisation à Oran. En collaboration avec le Palais de la culture qui a abrité l'événement, l'idée consistait, après une formation préalable, à organiser des batailles d'acteurs autour de thématiques diverses mais choisies au moment de la présentation. Cette façon de faire stimule l'imagination et pousse l'acteur à faire appel à ses propres ressources pour remplir son rôle. C'était en 2004 et c'est bien après que d'autres expériences similaires ont été menées tel le collectif «Improvzou» dirigé un moment par Rihab Alloula ou les «Drôles-madaires» qui ont bénéficié de l'aide de l'Institut français d'Oran. Actuellement, Mohamed Mihoubi prépare la troisième édition de l'initiation des jeunes talents au One Man Show avec la collaboration de la télévision algérienne. Les spectacles télévisés sont prévus pour le mois de Ramadhan.