Le secteur industriel algérien, public et privé, ralentit. Alors que le ministre de la Participation, M. Abdelhamid Temmar, regrettait que le secteur privé soit en perte de vitesse, les résultats de la production industrielle du secteur public publiés par l'Office national des statistiques montrent que la situation n'est guère meilleure pour les entreprises publiques. Au vu des statistiques, les industries manufacturières traversent une très mauvaise passe.Les derniers résultats de l'indice de la production industrielle du secteur public national publiés récemment par l'Office national des statistiques (ONS) font ressortir pour le début de l'année 2006 (1er trimestre) une baisse de la production de 1,2% par rapport à celui de l'année 2005. De son côté, la croissance du secteur privé stagne à 1,4% après de nombreuses années de dynamisme et de vivacité. Dans la Lettre mensuelle du Forum des chefs d'entreprises, l'on estime que la contre-performance de la production industrielle globale résulte de la forte baisse de la production des industries manufacturières durant le 1er trimestre 2006 comparativement au trimestre correspondant de l'année 2005. L'on relève en effet une inquiétante baisse de la production manufacturière depuis 2004. La production du 1er trimestre 2005 est en recul de 4% par rapport au 1er trimestre 2005 et celle du 1er trimestre 2006 est de 5,1% inférieure à la production des industries manufacturières réalisées par le secteur public national durant le 1er trimestre 2005. Les secteurs d'activité ayant tiré la croissance vers le bas sont surtout les industries des cuirs et chaussures dont la production réalisée durant le 1er trimestre 2006 a baissé de 25% par rapport au trimestre correspondant de l'année 2005. Il paraît loin le temps (en 1995 plus précisément) où ce secteur contribuait à hauteur 75% de la valeur ajoutée. En 2004, sa part est estimée à 17%. Dans la même période, le taux d'utilisation des capacités de production a chuté de 34% à 10% et l'indice de la production (à base 100 en 1989) affiche une valeur de 13 points indice en 2004 contre 43 points indice dix ans plus tôt (1995). Les industries agroalimentaires sont également en régression continue depuis 1999, la production de 2004 est de 15,6% inférieure à celle de 2003. Cette baisse s'est poursuivie jusqu'au 1er trimestre 2006 où l'on enregistre un taux de croissance négatif de 15,6%. Les unités du secteur public national ne contribuent que pour 22% de la valeur ajoutée globale des industries agroalimentaires tous secteurs juridiques confondus et ne tournent qu'à 39% de leurs capacités de production contre 67% en 1995. Parmi les branches d'activité industrielle les plus affectées, l'on peut citer les huiles alimentaires produites par des unités qui tournent à moins de 20% de leurs capacités contre 63% en 1995, le travail du grain qui en raison de la multitude des minoteries privées d'une part et des importations d'autre part n'utilise plus que 27% des capacités installées des unités du secteur public, ainsi que le sucre dont les unités du secteur public national fonctionnent à 56% de leurs capacités et contribuent pour 58% de leurs capacités. La branche des laits et dérivés a, quant à elle, été moins affectée comparativement aux autres produits alimentaires. Mais il reste que le secteur public national a cédé 41% de la valeur ajoutée au secteur privé. La production de 5,1 millions d'hectolitres de lait pasteurisé et de 1157 tonnes de beurre ne représentent que 55% et 42% des productions respectives réalisées dix années plus tôt (1995). La production des pâtes alimentaires a également chuté de 90% par rapport à 1995 (53.000 quintaux en 2004). L'une des rares industries manufacturières qui a réussi à maintenir le cap est celle des tabacs et allumettes. C'est, en effet, la seule qui utilise pleinement ses capacités de production. Lesquelles ont de ce fait augmenté la production de cigarettes de 20% par rapport à celle de 1995 estimée à 16.419 tonnes. Il faut cependant noter que dans ce secteur d'activité, la performance reste limitée à la production des cigarettes. Si l'on dresse une comparaison avec l'année 1995, la production du tabac à priser (6976 tonnes) et celle des allumettes (235,5 millions de boîtes) sont en baisse respectivement de 11% et 64%. L'industrie du liège a connu un regain d'activité se traduisant par un relèvement du taux d'utilisation des capacités de production de 30% en 1995 à 47%. L'industrie de l'ameublement est celle qui utilise au mieux les capacités de production existantes (53%) comparativement aux autres branches du secteur. Si la production a légèrement baissé pour le mobilier des collectivités et pour les bureaux en bois, tous les autres articles d'ameublement par contre ont connu de très fortes baisses de production et même l'abandon, comme c'est le cas pour les fauteuils, canapés et banquettes. Au total, la menuiserie générale fonctionne à 17% de ses capacités depuis plus d'une décennie. A l'exception du préfabriqué en bois dont la production se maintient plus ou moins selon les années. La menuiserie générale et les panneaux en bois et sciages ont vu leurs productions fortement baisser. Il reste quand même des secteurs qui ont réalisé de bons résultats en ce début de l'année 2006 comme les mines et carrières (5,1%), chimie et caoutchouc (4,2%), énergie (3,5%), hydrocarbures (2,0%) ainsi que les matériaux de construction-céramique-verres (0,7%).