Le microcrédit intéresse de plus en plus les grandes banques internationales, comme la néerlandaise ING et l'américaine Citigroup et des entreprises multinationales. Plusieurs de leurs représentants participent au sommet d'Halifax (Canada) dont les travaux ont commencé hier qui est épaulé financièrement par les groupes chimique Monsanto et pharmaceutique Johnson and Johnson. Autant dire que cette formule financière considérée comme étant une panacée pour mettre fin à la pauvreté dans le monde fait désormais recette. Le micro-crédit, hier quasi-confidentiel, vient de gagner ses lettres de noblesse avec le prix Nobel de la Paix attribué à Muhammad Yunus et ses partisans vont tenter de le populariser encore davantage lors de ce sommet. Cette activité est déjà forte de l'appui de personnalités comme Bill Gates, président de Microsoft, de la reine Sophie d'Espagne et du milliardaire philanthrope George Soros. Tous estiment que prêter de petites sommes d'argent à des individus ou de toutes petites entreprises est un moyen de sortir de la pauvreté des dizaines de millions de personnes parmi les plus nécessiteuses. Le sommet devrait ainsi annoncer son ambition de faire profiter de cet outil 175 millions de personnes d'ici 2015, même si le cap des 100 millions qui avait été fixé en 1997 avec comme objectif 2005 ne devrait être atteint que cette année. Le micro-crédit a été projeté au premier rang de l'actualité avec l'attribution en octobre du Prix Nobel de la Paix au Bangladais Muhammad Yunus, considéré comme le père de cette méthode de développement. "Le sommet et les nouveaux objectifs pour 2015 qui seront annoncés à Halifax vont aider à lutter contre la pauvreté et à atteindre les objectifs du développement du millénaire" fixés par les Nations unies, a assuré Sam Daley-Harris, directeur de la campagne. Créer sa propre entreprise Le principe du micro-crédit est de prêter de très petites sommes d'argent à des gens vivant avec moins d'un dollar par jour afin qu'ils puissent créer leur propre entreprise. Elle est promue depuis plusieurs années par Muhammad Yunus, 66 ans, surnommé "le banquier des pauvres". La banque Grameen qu'il a fondée a prêté à plus de 6,6 millions de personnes depuis 1976. L'idée séduit de nombreuses personnalités, jusqu'au joueur de football Zinédine Zidane qui s'est rendu au Bangladesh cette semaine à l'invitation de Muhammad Yunus pour y lancer une entreprise alimentaire contrôlée conjointement par le groupe français Danone et la Grameen Bank. Certains remettent toutefois en doute certains objectifs de la campagne et affirment que les taux d'intérêt pratiqués sur certains prêts sont trop élevés. La Grameen Bank a présenté jeudi à New York, avant le sommet, ses lauréats pour 2006, parmi lesquels l'organisation nigériane LAPO, la bolivienne Pro Mujer et le programme de développement communautaire de la Ford Foundation. Les micro-crédits, qui atteignent en moyenne 100 dollars, ne s'accompagnent d'aucune demande de garantie collatérale. Ils sont accordés en grande majorité à des femmes qui sont celles généralement chargées de gérer les finances des familles dans le tiers-monde. Selon les estimations, entre 1 et 1,2 milliard de personnes vivent aujourd'hui dans le monde avec moins d'un dollar par jour. George Soros, qui co-préside la campagne en faveur du micro-crédit avec Muhammad Yunus, ne sera pas à Halifax mais le lauréat du prix Nobel de la Paix y sera. Bill Gates ne fera pas non plus le déplacement mais sa Fondation caritative Bill et Melinda Gates vient d'annoncer des prêts totalisant 8.7 millions de dollars à des organismes de crédit travaillant en Afrique et en Amérique latine.