La saison touristique 2006- 2007 a démarré discrètement dans le ventre mou du Ramadhan avec des ambitions algériennes teintées de modestie après les envolées lyriques sur l'avenir de la destination Algérie à l'ère triomphante de la paix retrouvée. La réalité des métiers du tourisme, les plus concurrentiels dans l'univers des services est, entre temps, passée par là. La progression en cinq années de la fréquentation du pays par les étrangers n'a été que de 10 %. Environ 2% en rythme annuel. C'est bien faible pour un pays qui a démarré de très bas à la fin des années 90. Toutes les comparaisons sont défavorables à la performance du tourisme en Algérie en 2005. Elle est en deçà de plus de moitié de la croissance annuelle du tourisme international, 5,5% en 2005, après un exceptionnel 10% en 2004. A la traîne de la progression africaine, la plus forte du monde avec 10% en 2005. Loin derrière la croissance du tourisme en Tunisie 8% - pourtant à partir d'un niveau déjà élevé - et celle du Maroc 5%. Enfin la progression de la fréquentation de l'Algérie par les étrangers avance plus lentement que celle du tourisme des Algériens à l'étranger. Celle-ci évolue au rythme annuel moyen de 6% sur les cinq dernières années. La Tunisie en particulier en a profité avec le passage du nombre de visites d'Algériens de 811 000 en 2003 à probablement plus de 1,1 million en 2006 (914 000 en 2004 et 930 000 en 2005). Qu'est ce qui peut dans le court terme redresser significativement la courbe de fréquentation touristique étrangère de l'Algérie ? Les autorités semblent avoir renoncé à répondre à la question en insistant essentiellement sur les investissements en infrastructures touristiques qui sont en cours de lancement et dont les effets attendus, différés dans le temps, permettent de « voir venir ». Il y a de ce point de vue une troublante symétrie avec l'attitude du gouvernement concernant l'impulsion de la croissance économique : « dépensons pour le rattrapage des infrastructures et le reste découlera de source ». M. Noureddine Moussa ; le ministre du tourisme ; a tenté de pondérer la faiblesse persistante des chiffres du tourisme algérien en annonçant avoir reçu, concernant l'investissement étranger dans le secteur, plus de 40 hommes d'affaires et chefs d'entreprises et de groupes étrangers spécialisés dans le tourisme, durant les neuf premiers mois de 2006 ; et délivré 140 autorisations de constructions a des investisseurs nationaux. La diversité des investisseurs – arabes (Qatar, Emirats Arabes Unis, Liban et Tunisie) et occidentaux (Allemagne, Italie, France et Etats-Unis) – est un motif d'optimisme …pour le moyen terme. Le fait est que pour l'heure la destination Algérie ne décolle pas. A qui la faute ? Sans doute pas à la perpétuation d'une activité terroriste en Algérie, bien des destinations dans le monde, comme le Yémen ou l'insécurité est bien plus forte qu'en Algérie, tempère de beaucoup cette corrélation mécanique en dessous d'un certain seuil d'intensité de la violence. A bien y regarder, l'Algérie continue, embellie financière de retour, à se comporter avec condescendance à l'égard des recettes du tourisme international. Les mesures « quasi gratuites » qui rendent bien compte d'un intérêt réel pour la promotion du tourisme et qui ne sont pas rattachées à des investissements lourds de structures d'accueil, restent toujours absentes à l'entame de cette nouvelle année touristique rythmé par l'ouverture de la saison saharienne. Le monopole d'Air Algérie sur les destinations du sud saborde les professionnels du tourisme à coups d'annulations de vols (Djanet se visite plus par voie terrestre que par avion), les activités promotionnelles comme le passage de grands rallyes médiatisés ou le tournage de films internationaux sont refusés tous les ans, la frontière avec le Maroc reste hermétiquement fermée devant le tourisme à défaut de l'être devant la contre bande, les sites archéologiques les plus fameux sont cachés au regard : l'état d'esprit promotion de l'image de l'Algérie n'y est pas. Signe éloquent, la dune géante de Taghit, la plus belle du monde pour beaucoup de spécialistes a été balafrée cet été par l'implantation d'une antenne GSM à son pied. L'opérateur de téléphonie mobile public était plus fort que les autorités locales.