Parmi les dispositifs d'aide à l'investissement, il en est un qui semble avoir été fait sur mesure pour les femmes, celui de l'Angem, dont la population féminine représente 62% des bénéficiaires. Le dispositif est un catalyseur pour l'auto-emploi et les activités artisanales et pour certaines, une véritable alternative à des opportunités de travail introuvables dans l'administration. «C'est clair qu'aujourd'hui, on ne peut pas vivre avec un seul salaire», témoigne Souad, 35 ans, mère de famille et gérante d'un salon de beauté à Alger. «Il n'y a pas de travail dans les administrations, il ne reste qu'à se mettre à son compte». Souad n'a pas terminé ses études de lycée, mais est diplômée d'un centre de formation professionnelle. Se lancer dans l'aventure Angem n'a pas été simple. «J'ai attendu près d'un an pour obtenir le crédit et j'ai plusieurs fois pensé arrêter, n'était le soutien de mon mari». Par ailleurs, le crédit était loin d'être suffisant. «Avec les prix de l'immobilier à Alger, il me fallait plus d'argent pour louer mon local». Souad a dû emprunter auprès des membres de sa famille et elle n'est pas la seule. «J'ai voulu lancer un atelier de pâtisserie, j'ai donc sollicité l'Ansej», raconte Imen, 31 ans. «Après avoir attendu un an, en vain, j'ai fini par le faire avec mes propres moyens». Mais avant d'emprunter à la famille, il faut d'abord «la convaincre», nous dit-on. Des difficultés qui n'ont pas découragé ces femmes, mais qui révèlent, selon certains observateurs, la nécessité de revoir les dispositifs en place. Certaines préfèrent d'ailleurs se lancer dans l'aventure seule avant d'intégrer le système. C'est le cas de Lynda, 27 ans, jeune maman, diplômé des Beaux-Arts. Depuis un an, elle a lancé sa marque de sac en toile BODO, en comptant sur ses propres moyens. «Je ne voulais pas prendre le risque de m'inscrire dans l'un des dispositifs mis en place ne sachant pas si j'allais m'en sortir ou pas. Il me fallait avoir de l'expérience avant». Mais depuis, les choses se passent très bien pour une entreprise lancée sur Facebook. C'est l'entrepreneuriat 2.0. «Les commandes affluent et aujourd'hui, nous ne vivons que de cela» au point où il est prévu l'ouverture d'une boutique en 2017. La réussite est telle que Lynda envisage aujourd'hui d'intégrer l'un des dispositifs d'aide à l'investissement pour développer son entreprise maintenant qu'elle a «plus de visibilité» Les femmes peuvent être un véritable vecteur «de développement local si on prend en compte tout le potentiel et le savoir-faire à valoriser», estime Yasmina Taya, chef d'entreprise, qui plaide pour un «parrainage» afin d'encourager les étudiantes en fin de cycle à créer leurs entreprises. Elles ont, semble-t-il, toutes les chances de réussir, selon Mohamed Salah Kerbadj, formateur et accompagnateur au sein de l'Ansej, qui jure n'avoir jamais vu une entreprise qui a échoué avec une femme à sa tête, en 16 ans de carrière.
Chiffres : 12% la part des femmes dans l'auto-emploi 136 204 femmes d'affaires recensées par le CNRC à fin 2015 40% des femmes gérantes de société exercent dans le secteur des services 476 834 femmes ayant bénéficié de micro-crédit dans le cadre de l'Angem à fin 2015 18% l'augmentation du nombre de femmes entrepreneures ces cinq dernières années, selon le CNRC