Comment dépasser « l'impasse » induite par « l'échec » des décrets d'application de la charte ? Les participants aux journées d'étude, organisées par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) et l'ONG Freedom House, clôturées hier à Alger autour de « l'inapplicabilité des décrets d'application » de la charte pour la paix et la réconciliation nationale au siège de la Fondation Friedrich Ebert, ont conclu à une série de propositions. Avocats, militants des droits de l'homme, familles de disparus ont constaté qu'« il n'y avait rien à espérer de l'actuelle démarche » des pouvoirs publics en matière de processus de « réconciliation » et que l'urgence est de fédérer les causes et les moyens. Les participants ont projeté de mettre sur pied une coalition ou un forum de la société civile de la vérité pour la réconciliation, sorte d'autorité morale qui se chargera d'établir des « bilans exhaustifs et transparents » sur la violence et sur les disparitions forcées, rapports qui devraient être rendus publics. Certains participants ont appelé à ce que soit rendu public le rapport de la commission ad hoc sur les disparus mise en place par le président Abdelaziz Bouteflika afin de régler la question du nombre de disparus, sujet à controverses. Selon les animateurs des journées d'étude, l'instance citée plus haut devra également profiter des occurrences politiques - la révision constitutionnelle, les législatives de 2007 - pour mettre le débat sur les disparitions forcées au cœur de la vie politique nationale. Cette autorité morale pourrait, selon les participants, préfigurer la création d'une commission de vérité à l'initiative des pouvoirs publics. L'idée de lancer, à travers ce forum, une pétition nationale et internationale a été également évoquée. « Il s'agit d'être pragmatique. Si l'Etat ou certains de ses cercles ont la sagesse de nous entendre, on pourra travailler dans ce sens », a indiqué Hocine Zahouane, président de la LADDH, qui a annoncé le lancement prochain d'un « manifeste pour la transparence sur la réconciliation nationale et la question des disparitions forcées en Algérie ». A ses yeux, « la charte veut atteindre une illisibilité de la réalité » et il est urgent, selon lui, de « lutter contre une lobotomisation de la mémoire collective ». Il a appelé le gouvernement à « ouvrir les espaces de débats, notamment médiatiques, pour tenter de sortir de cette crise ». Des ONG internationales et des opposants algériens avaient reproché à la charte son interprétation unilatérale des événements et la pénalisation des opinions autour de la crise. Les participants se sont accordés à se réunir prochainement pour concrétiser ses propositions.