Insolite ! Des ouvriers payés par un particulier ont procédé, hier, à la démolition de la moitié d'une bâtisse de quatre niveaux, en application d'une décision de justice. La bâtisse en question, située rue Horchi Slimane, au cœur de Sidi Mabrouk, fait l'objet depuis 2014 d'une bataille entre riverains, écumant les salles d'audience des tribunaux. Il s'agit d'un immeuble dont les propriétaires ont violé toutes les promesses et les restrictions portées sur le permis de construire, faisant beaucoup de mécontents parmi les voisins. S'en suivront des rappels à l'ordre, une mesure de suspension des travaux, une plainte au pénal de la part du DUC, une plainte en référé déposée par les voisins. Un long feuilleton judiciaire, en somme. Les propriétaires ont ignoré allègrement ces plaintes, cependant, en poursuivant le chantier et l'imposant par le fait accompli. Mais il fallait compter avec la résolution d'un riverain, Nadir Cheriet, qui n'a pas cédé à la résignation, malgré l'impuissance, voire la complaisance, des services de la commune et ceux de la DUC, qui ont abandonné les riverains. Hier, un grand renfort de police était intervenu pour sécuriser les lieux et permettre l'exécution du jugement. Il s'agit du jugement prononcé en mai 2016 par la cour de Constantine, confirmant le verdict du tribunal de première instance de Ziadia, prononcé en octobre 2015 et ordonnant aux propriétaires de procéder à la démolition des troisième et quatrième niveaux construits en violation du permis de construire. Devant le refus des propriétaires d'exécuter le jugement et après avoir donné un délai assez long, le procureur de la République a donné la couverture juridique au plaignant pour exécuter le verdict par ses propres moyens. Et ce dernier n'a pas hésité à rétablir ses droits. Inutile d'évoquer les interventions et parfois même les intimidations dont ont fait l'objet les riverains, hier, de la part de hauts responsables venus défendre les contrevenants. Trop tard ! Les riverains ont, en outre, fait montre d'une solidarité infaillible. Une solidarité qui n'a d'égale que la détermination exemplaire avec laquelle ils ont mené cette bataille de la citoyenneté contre l'arrivisme bête et méchant. Sidi Mabrouk est toujours sous la coupe des arrivistes, mais à la rue Horchi Slimane, une hirondelle a fait hier le printemps.