Contrairement aux précédentes élections législatives où les listes de candidatures des indépendants étaient abondantes, pour l'échéance électorale du 4 mai prochain, elles ne seront que 163. En 2012, 185 listes d'indépendants étaient en compétition, réussissant à obtenir 19 sièges à l'Assemblée populaire nationale (APN). Lors des élections antérieures, elles étaient encore plus importantes, arrachant souvent une vingtaine de sièges à l'APN. Les indépendants avaient une fonction politique. Ils venaient à chaque fois conforter la majorité au pouvoir, quand il fallait adopter des projets de loi controversés. Cette même fonction politique semble dépassée de nos jours. Elle est même contre-productive, puisqu'elle permettait l'arrivée à l'APN d'éléments qui ne seraient pas passés par le filtre des directions de partis politiques. Par l'imposition d'un nouveau régime électoral, les pouvoirs publics sont en passe de régenter à leur guise et par la force la nouvelle configuration politique à l'APN. Car aussi bien les candidats indépendants que les partis politiques ont souffert des nouvelles dispositions de la loi : «Un parti politique qui participe pour la première fois aux élections ou lorsqu'une liste est présentée au titre de liste indépendante, elle doit être appuyée, au moins, par 250 signatures d'électeurs de la circonscription électorale concernée par chaque siège à pourvoir.» Il faut dire que la procédure a dissuadé plus d'un. Plusieurs candidats ont été découragés par les nouvelles exigences imposées par le nouveau régime électoral. Quelques listes seulement, dont la composition est rompue à l'action politique, ayant un parcours de militance ou ayant fait valoir les réseaux familiaux et tribaux, ont pu se faire une place dans la compétition législative. C'est le cas de la liste des candidats indépendants conduite à Tizi Ouzou par l'ancien cadre et député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Nourredine Aït Hamouda. A Béjaïa, deux listes d'indépendants ont été validées. Celle conduite par l'ancien président de l'APW (FFS), Hamid Ferhat, et celle drivée par l'actuel président de l'APC de Tinebdar, Braham Bennadji, un dissident du RCD. L'entrée en compétition électorale de ces listes dans des circonscriptions longtemps considérées comme des fiefs bien gardés des deux partis traditionnels, à savoir le RCD et le FFS, peut bien chambouler l'ordre des choses. A Annaba, 5 listes d'indépendants vont concourir pour 8 sièges à la députation. Les candidats libres ont eu de grandes difficultés à rassembler les parrainages. A Alger, seulement deux listes ont été validées. A Boumerdès, uniquement quatre listes d'indépendants ont été acceptées sur les 20 formulaires retirés, 16 n'ont donc pas pu réunir le nombre de signatures requis pour présenter sa candidature à la députation.