«Ni les agriculteurs ni les grossistes n'ont de prise sur les prix qui restent libres», selon Mohamed Medjeber, président des mandataires. La hausse actuelle des prix des fruits et légumes frais est due à une «pénurie provoquée par un cartel». «La cherté des produits est causée par une pénurie provoquée par un cartel, un trust, pour ne pas dire une maffia. Il n'y a qu'à voir les prix des produits comme la pomme de terre», estime Mohamed Medjeber, président des mandataires des marchés de gros de fruits et légumes. Désigné par ses collègues président de la commission nationale lors d'une rencontre tenue hier au marché de gros des Eucalyptus, M. Medjeber remet en cause le fonctionnement du système de régulation des produits agricoles de large consommation mis en place par le ministère de l'Agriculture. «Il se pourrait que le système de régulation ait provoqué cette hausse des prix. La gendarmerie vient de saisir à Aïn Defla plus de 21 000 tonnes de pommes de terre, soit une quantité de 21 millions de kilos qui aurait pu être commercialisée. Le président de la Chambre d'agriculture de la wilaya a pourtant démenti la veille l'information sur le stockage de quantités de pomme de terre dans des chambres froides. Toute cette production est déstockée au compte-gouttes, d'où cette hausse des prix. Mais ni les agriculteurs ni les grossistes n'ont de prise sur les prix qui restent libres», constate M. Medjeber. Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens (Ancaa) parle d'un «déficit de contrôle» dans la filière. «Il y a un manque d'organisation et de mise à niveau du réseau de stockage. Les services de l'agriculture ne contrôlent pas les chambres froides gérées par des privés. Sans la spéculation, le prix de la pomme de terre serait à moins de 15 à 20 DA/kg du prix actuel», estime M. Boulenouar. Une commission pour la marge des bénéfices Citant une source au niveau de la Gendarmerie nationale, un site en ligne (Alg24) a rapporté l'arrestation d'un propriétaire de chambres froides qui a stocké une quantité importante de pommes de terre (21 000 tonnes) à Aïn Defla. L'information sera finalement démentie par une source de la gendarmerie contactée par El Watan. Le ministère de l'Agriculture a décidé, à l'issue d'une réunion avec des producteurs de pomme de terre, la mise en vente «d'ici la semaine prochaine» de 80 000 tonnes de ce tubercule dans les wilayas les plus touchées par le manque de ce produit. Le quotidien El Moudjahid, qui cite le président de la Fédération des producteurs de pomme de terre, Ahssen Guedmani, croit savoir que la mise sur le marché de ces quantités fera baisser les prix à 30 DA/kg au niveau du marché de gros contre 40-45 DA actuellement. Les mandataires et les représentants des commerçants réclament un «contrôle plus rigoureux» des chambres froides privées et l'«obligation du passage» de la production par les marchés de gros. L'Ancaa a décidé de proposer aux ministères du Commerce et de l'Agriculture l'installation d'une commission pour «fixer» une marge bénéficiaire des différents intervenants des différentes filières. «Nous allons proposer l'installation d'une commission composée de représentants des ministères du Commerce, de l'Agriculture et des Finances, ainsi que de délégués des commerçants avant le Ramadhan. L'objectif de la commission n'est pas de fixer les prix, qui obéissent à la loi de l'offre et de la demande, mais de déterminer les marges des bénéfices, qui sont actuellement très excessives», signale M. Boulenouar.