Atteignant jusqu'à 100 DA le kilo dans certaines régions du pays depuis quelques jours, la pomme de terre est devenue inaccessible aux modestes bourses. La période de soudure n'explique pas à elle seule cette flambée du prix. C'est du moins ce qu'explique M. Medjeber, président de la Commission nationale des mandataires de marché de gros de fruits et légumes. Le marché de ce tubercule presque indispensable à la table algérienne est otage de groupes de pression qui veulent en garder le monopole, explique le représentant des mandataires. L'Etat, en mettant en place, il y a quelques années le Système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac) a su contenir la crise de la pomme de terre. «Mais l'effet de ce système de régulation est anéanti par les pratiques douteuses d'un grand nombre de propriétaires et gérants de chambres froides.» Selon ces commerçants, une grande quantité de ces gérants ont procédé à l'achat de grandes quantités de pommes de terre de la saison dernière, dont les prix ne dépassaient pas 20 DA auprès des producteurs. Le stock de ces quantités dans le cadre du Syrpalac devait être interrompu dès le début de la flambée des prix. Les marchés devraient être ainsi alimenté pour éviter une pénurie et une hausse subite des tarifs. «Ce n'est pas ce qui est arrivé, explique M. Medjeber, la pomme de terre se fait rare au niveau des marchés de gros ce qui explique la hausse des prix au niveau des détaillants. Les spéculateurs écoulent, en petites quantités, la pomme de terre stockée à des prix exorbitants. Ils la proposent au niveau des marchés de gros à 55 DA/kg, pour atteindre ainsi 90 ou 100 DA/kg au niveau du détail.» Le représentant des mandataires explique que le ministère de l'Agriculture «n'a pas été trop regardant sur le cahier des charges régissant l'activité des chambres froides. Plusieurs dysfonctionnements menacent la stabilité du marché. Le Syrpalac est un système qui a bien donné des résultats pendant plusieurs années. Nos craintes et de le voir dépassé par ces spéculateurs qui ne reculent devant rien pour le gain rapide au détriment des filières agricoles et du pouvoir d'achat». Le chef des mandataires pointe du doigt des «investisseurs à gros sous qui s'accaparent de filières entières». M. Medjeber interpelle le ministère de l'Agriculture pour prendre des mesures concernant le système de régulation afin de sauver cette filière qui risque d'être perdue. La hausse du prix de cet aliment qui risque de se faire désirer encore longtemps chez de nombreux ménages durera jusqu'à la mi-novembre, explique le président de la commission des mandataires. «Les prix seront maintenus à la hausse encore jusqu'au 10 ou 15 novembre. Ils diminueront avec l'arrivée de la récolte de l'arrière saison issue de la région des Hauts-Plateaux (Bouira, Tiaret, Sétif…) prévue pour la fin de l'automne», souligne le même mandataire. Autre facteur déstabilisant le marché et décrié par les commerçants : l'insuffisance des marchés de gros. Le ministère du Commerce a annoncé à maintes reprises l'ouverture de ces surfaces, mais la réalité est toute autre sur le terrain. «C'est l'informel qui détient le monopole de tous les produits agricoles de large consommation», s'alarme M. Medjeber qui considère que la lutte contre la hausse des prix et la spéculation devrait commencer à ce niveau.