C'est leur troisième action en moins de dix jours. Une centaine de jeunes chômeurs de la région de Bir El Ater (89 km de Tébessa) ont à nouveau manifesté. Leur cible : des institutions de l'Etat pour réclamer de l'embauche. Mercredi dernier, ces chômeurs ont encore une fois paralysé l'usine de traitement de phosphate, en bloquant tout accès au matériel roulant menant à cette unité, notamment les camions de transport du minerai de phosphate vers la wilaya de Annaba. Excédés par les promesses non tenues, ces chômeurs ont observé dans la matinée un sit-in devant le siège de la daïra, avant de procéder à la fermeture de l'antenne de l'Agence nationale de l'emploi, puis en barricadant la RN16 sur son tronçon menant vers l'unité d'enrichissement et la carrière à ciel ouvert de l'exploitation du phosphate. Beaucoup se disent déçus par les promesses des directions des entreprises publiques de la région qui n'aboutissent jamais. Ces demandeurs d'emploi, dont le nombre a atteint le millier, sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur revendication. Ils prévoient d'autres mouvements de protestation dans les jours à venir. Les frontières, nouveau mode d'emploi Après s'en être pris à des entreprises de l'Etat, les paralysant totalement, telles que la Société des mines et du phosphate (SOMIPHOS), le gazoduc Enrico Mattei entre l'Algérie et l'Italie à Oglat Ahmed, ou encore une société de prospection pétrolière qui opérait dans la région de Ferkane, les chômeurs de la région de Bir El Ater ne semblent pas découragés. En effet, après avoir organisé en novembre dernier une marche — provoquant, rappelons-le, un effet boule de neige, regroupant d'autres chômeurs des régions de Saf Saf, Dhokara, Oum Ali et El Ma Labiod de Bir El Ater — vers le chef-lieu pour revendiquer leur droit à l'emploi. Ces actions de protestation qui n'ont abouti jusque-là qu'à des promesses non tenues des autorités locales. En fin de semaine écoulée, une cinquantaine de jeunes chômeurs qui en ont ras-le-bol, disent-ils, ont utilisé un nouveau procédé pour se faire entendre par les autorités locales, à leur tête le wali de Tébessa : «passer de l'autre côté de la frontière et revendiquer leur droit à l'emploi». Munis de l'emblème national, ces jeunes — parmi eux des pères de famille et qui sont déterminés à aller jusqu'au bout — ont franchi la frontière par la région Bétita en extrême-sud pour se rendre sur le sol tunisien et organiser des rassemblements pour dénoncer leur situation déplorable. «Nous sommes passés à l'action pour sonner le glas des promesses non tenues des directions de l'emploi et de certaines entreprises économiques à Tébessa», a déclaré l'un des meneurs contacté par téléphone. Devant l'inertie des autorités, notamment les responsables de la direction de l'emploi, la contestation des chômeurs ne cesse de s'amplifier et prendre de l'ampleur. Lors d'une conférence de presse animée à la Maison de la presse de Tébessa, le directeur de l'emploi a annoncé que le taux de chômage à Tébessa avait dépassé les 9%. Faut-il rappeler que ce pourcentage, jugé par ce responsable d'«alarmant», était de 7% il y a deux ans..