Même s'il est doté de six stations de lagunage et de trois d'épuration, le réseau d'assainissement des eaux usées reste insuffisant. Témouchent se targue d'être une des premières wilayas du pays en matière de satisfaction de ses habitants pour l'alimentation en eau potable, avec, en outre, un réseau de distribution sur lequel les fuites n'atteignent que 12%. Cependant, cette heureuse situation s'est traduite par un casse-tête imprévu, celui de l'assainissement à travers un réseau sous-dimensionné, qui doit faire passer 80% de ses 125 000 m3 de dotation journalière devenues eaux usées. L'énormité de la gageure tient au fait que ce sont pas moins de 230 litres par jour et par habitant, et de surcroît en H24 pour les principales agglomérations, qui passent par les robinets, dans une région où l'eau était jusqu'à fin 2009 fournie au compte-gouttes, du fait de l'inexistence de barrages et de la rareté des eaux souterraines. L'augmentation considérable du volume des eaux usées n'avait jamais été imaginée. Pour rappel, grâce à une usine installée à Oued El Hallouf, le dessalement d'eau de mer fournit depuis 200 000 m3/j partagés pour moitié avec Oran. A cette quantité s'ajoutent 25 000 m3 que procure le cratère de Dziouia qui recueille l'eau captée à une dizaine de kilomètres en contrebas sur l'embouchure de la Tafna à Rachgoun. Ce cratère, utilisé comme réservoir d'une capacité de 13 millions de m3, est actuellement rempli de 8 millions. Du côté de l'ADE, on se frotte les mains car, avec une réserve supplémentaire de 10 millions de m3 conservée au profit de Témouchent au niveau du barrage de Hammam Boughrara (Tlemcen), on est certain que la saison estivale 2017 se déroulera sans anicroche malgré l'afflux de milliers de vacanciers en bord de mer. Il reste que l'impact sur l'assainissement va être difficilement soutenable car conçu pour une chiche consommation, celle de l'avant abondance hydrique actuelle. Un rattrapage a tout de même été assuré lorsque les ressources financières du pays étaient au plus haut niveau. Mais depuis 2015 avec le blocage des opérations non encore lancées, l'on se fait des soucis pour les 2% de raccordement au réseau non encore réalisé en milieu rural essentiellement pour ce qui est de l'habitat réalisé en groupé alors qu'il devait l'être en individuel. Les précédents exécutifs de wilaya avaient cru bien faire pour résoudre la crise du logement. En effet, en individuel, une fosse septique à la charge de l'auto-constructeur est suffisante alors qu'en groupé un réseau est indispensable. De la sorte, la wilaya a du consacrer ses dotations financières au titre du PCD pour 2017 au profit de l'assainissement. Cependant, il reste l'aval car où vont les eaux usées véhiculées par le réseau d'assainissement ? La wilaya est dotée de six stations de lagunage et de trois stations d'épuration à Témouchent, Ain Tolba et Bouzedjar alors qu'une quatrième est à 70% de taux de réalisation à Aïn Kihel. Celle de Bouzedjar sert seulement à éviter la pollution des eaux de baignade. Elle va bientôt épurer les eaux rejetées par les localités voisines de Houaoura et de Msaïd, les travaux étant à 90% réalisés. A Aïn Tolba, la STEP sert à protéger le plan d'eau du petit barrage sur l'oued Mekhaïssia. Ses eaux épurées comme celles de la STEP de Témouchent servent à l'agriculture. Cette dernière station va en produire davantage après le raccordement, actuellement à 80% de taux de réalisation, des réseaux d'assainissement de Chabat El Laham et de Sidi Ben Adda. Il reste le cas de la STEP de Beni Saf bloquée par le gel. Selon le directeur de l'Hydraulique, il est heureux qu'en prévision de sa réalisation, les eaux usées de la ville qui se déversaient dans son port, ont un autre exutoire. Des canalisations les rejettent au-delà de la plage de Sidi Boucif vers l'Est, là où devait être édifiée une station de relevage des eaux usées vers la future STEP. A cet égard, les eaux de baignade de la plage de Sidi Boucif subissent une pollution lorsque le vent est d'Est, d'où l'interdiction de baignade.