Washington exigera des partenaires plus de dépenses Les ministres des Affaires étrangères des 28 membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) tiendront une réunion, demain, à Bruxelles. L'occasion pour le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, d'exiger des alliés européens qu'ils dépensent plus pour leur défense. A la veille de cette rencontre, le chef de la diplomatie américaine est attendu en Turquie, également membre-clé de l'Otan, pour évoquer avec le président Recep Tayyip Erdogan la lutte antidjihadiste en Syrie. Cette rencontre ministérielle de l'Otan a failli provoquer un couac diplomatique lorsque Rex Tillerson a fait savoir, la semaine dernière, qu'il n'y assisterait pas aux dates initialement prévues des 5 et 6 avril, invoquant une possible visite aux Etats-Unis du président chinois Xi Jinping. Devant le malaise provoqué par l'éventuelle absence d'un ministre du premier pays contributeur et fondateur de l'OTAN, il a fallu convaincre les 27 autres Etats d'avancer la réunion au 31 mars pour arranger le chef de la diplomatie américaine. L'objectif est avant tout de préparer le sommet de l'OTAN du 25 mai à Bruxelles, en présence du nouveau président des Etats-Unis. Ce sera pour Donald Trump son tout premier déplacement en Europe. Ce dernier a été élu sur un programme de politique étrangère jugé isolationniste, même s'il a contesté ce qualificatif en recevant, le 17 mars à la Maison-Blanche, la chancelière allemande Angela Merkel. Mais le lendemain, sur Twitter, il accusait Berlin de devoir «d'énormes sommes d'argent» à l'Otan et à Washington. Précédant Rex Tillerson à Bruxelles, le vice-président Mike Pence et le ministre de la Défense James Mattis ont vanté en février la «force» du lien transatlantique. La première puissance militaire au monde, avec un budget annuel que Donald Trump veut porter à 639 milliards de dollars, assure 68% des dépenses de défense cumulées des 28 Etats de l'OTAN. Le fardeau Bien avant l'arrivée au pouvoir du président républicain, Washington se plaignait d'un déséquilibre avec ses alliés européens. A la suite de ses prédécesseurs, D. Trump réclame aussi que les autres pays de l'Alliance portent une partie du «fardeau financier» en dépensant au moins 2% de leur produit intérieur brut (PIB) en matière de défense. Ils s'y étaient engagés lors d'un sommet de l'OTAN au Pays de Galles en 2014. L'Alliance atlantique, fondée en 1949 par une dizaine de pays occidentaux, discutera également de la Russie et de l'Ukraine. Des consultations entre ambassadeurs sont prévues aujourd'hui dans le cadre d'un Conseil OTAN-Russie, une instance de dialogue créée en 2002, mais mise en sommeil en 2014 après l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée et le conflit armé entre Kiev et des rebelles pro-russes dans l'est de l'Ukraine. A l'époque, l'Alliance avait aussi gelé sa coopération civile et militaire avec Moscou, mais le Conseil OTAN-Russie a été réactivé il y a près d'un an pour relancer un dialogue politique. Le secrétaire d'Etat américain et son homologue ukrainien Pavlo Klimkine devraient aussi se voir au sein d'une commission OTAN-Ukraine pour réaffirmer le soutien de l'Alliance à Kiev.