Le Portugal s'est, lui aussi, joint, hier, à la course vers Alger dans l'espoir de se faire une place aux côtés des puissants pays européens qui se bousculent au palais de la Présidence. Son ministre d'Etat et des Affaires étrangères, Luis Amado, a été en effet reçu par le président de la République le premier jour de sa visite officielle de deux jours. Premier résultat concret : un sommet algéro- portugais se tiendra à Alger, les 21 et 22 janvier 2007, a annoncé l'invité d'Alger à l'issue de l'audience que lui a accordée le président Abdelaziz Bouteflika. Mieux encore, M. Amado a annoncé également la visite à Alger, du Premier ministre portugais, José Socrates, et des membres de son gouvernement, à la faveur de ce sommet, le premier du genre entre les deux pays. « Cette visite de l'exécutif portugais va donner une impulsion à nos relations économique, politique et culturelle », a-t-il déclaré, qualifiant de « stratégiques », les relations « que les deux pays son en train de bâtir ». Comme ses prédécesseurs de France, d'Allemagne, d'Italie et des Etats-Unis, Luis Amado a longuement loué les mérites et le rôle de l'Algérie. « L'Algérie a un rôle très important à jouer dans le dialogue entre l'Union européenne et l'autre rive de la Méditerranée pour faire de toute cette région une région qui partage les mêmes valeurs axées, principalement, sur la paix et le bien-être des populations ainsi que sur le développent et la stabilité » a-t-il indiqué. Bouteflika à Lisbonne ? Bien qu'il se soit penché sur les enjeux liés à la sécurité en Méditerranée, l'émissaire du président Jorge Sampaio n'en a pas moins plaidé la cause de son pays qui voudrait s'assurer une part de choix dans le « gâteau Algérie » qui suscite les appétits des puissants de ce monde. « Ma visite s'inscrit dans la perspective du renforcement des relations entre l'Algérie et le Portugal sur les plans politique, économique et culturel dans le cadre de la ratification du Traité de voisinage et de coopération entre les deux pays », a-t-il déclaré. Et le ministre des Affaires étrangères du Portugal a de sérieux arguments à faire valoir puisque son pays a déjà signé un Traité-d'amitié, de coopération et de bon voisinage avec l'Algérie en janvier 2005 lors de la visite en Algérie de l'ex-Premier ministre de son pays Pedro Santana. Un cadre de coopération qui a donné lieu à un échange de visites de personnalités de haut rang. A commencer par celle du président Jorge Sampaio en 2003, qui a permis de poser les jalons d'un partenariat accru entre les entreprises algériennes et portugaises. L'Algérie a fait le premier pas avec la visite de l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia, à Lisbonne en septembre 2004. Une visite qui a été couronnée le 9 janvier 2005 par la conclusion d'un certain nombre d'engagements de coopération dans tous les domaines, dont les contours avaient été identifiés lors de l'autre visite du Premier ministre, Pedro Santa. Cette volonté partagée d'aller de l'avant s'est cristallisée par la signature du Traité d'amitié considéré comme « une étape nouvelle et constitue un fondement important pour la promotion des relations bilatérales dans divers domaines ». M. Santana n'avait pas manqué de reconnaître que « l'Algérie est un partenaire privilégié et sa dimension économique est très importante au moment où ce pays connaît une période d'expansion et d'investissements ». « Notre regain d'intérêt pour l'Algérie s'explique par des raisons politiques et géographiques ainsi que par la conjoncture économique favorable de ce pays (l'Algérie) où le Portugal veut s'associer au plan de développement, à la construction d'infrastructures et au programme de privatisation initié par le gouvernement. » Ce propos du Premier ministre du Portugal résume parfaitement les intentions de ce pays de ne pas rater les opportunités offertes par le marché algérien. L'arrivée du ministre des Affaires étrangères prend là toute sa signification. Des passerelles de coopération ont été déjà jetées à différents niveaux. L'on citera notamment la signature le 18 juillet dernier à Lisbonne d'un mémorandum d'entente avec la première institution bancaire du Portugal, la Caixa Geral De Deposito (CGD, publique) par le ministre délégué chargé de la Réforme financière, Karim Djoudi. Cet engagement portant sur l'assistance technique, la formation et l'échange d'expériences avec cette banque, a été signé en présence du ministre d'Etat, ministre des Finances portugais, Teixeira de Santos, et du secrétaire d'Etat au Trésor et aux finances, Carlos Costa Pina. Les Portugais souhaitent mettre leur savoir-faire dans le domaine des finances au service des banques algériennes dans le cadre de la réforme bancaire. La CGD devrait d'ailleurs ouvrir « prochainement » une représentation en Algérie et y appuyer les investissements directs étrangers. Aussi, Pedro Santana Lopes, le Premier ministre, s'était il engagé de faire en sorte que « des entreprises portugaises viennent investir en Algérie, ajoutant que les deux pays vont travailler très rapidement et en permanence sur des lignes de financement afin de créer des conditions et des opportunités d'investissements pour être au niveau des autres pays présents en Algérie ». Et au-delà de la coopération économique, l'Algérie et le Portugal ont également des atomes crochus dans le domaine de la lutte contre le terrorisme pour assurer la sécurité en Méditerranée. Les entretiens qu'a eus Luis Amado avec le président de la République et son homologue Mohamed Bedjaoui ont dû sans doute porter sur la lutte contre le terrorisme.