Un déclin de la production halieutique a été enregistré durant l'année 2016, a-t-on appris des statistiques exposées par la direction de la pêche et des ressources halieutiques lors de la visite la semaine écoulée du wali, Larbi Merzoug, de la halle à marée pratiquement achevée au niveau du port de pêche de Ziama Mansouria. La baisse a touché pratiquement tous les types de métiers. La comparaison des productions arrêtées au 31 octobre des années 2015 et 2016, montre un écart négatif en 2016 de 835,265 tonnes qui représente près de 23 % de la production de 2015 qui s'est établie à fin octobre à 3681,57 t. La baisse la plus importante est relevée chez les petits métiers dont la production est passée de 629,79 t à fin octobre 2015 à seulement 355,325 t à la même période de 2016, soit une régression de 43,58 %. Les chalutiers ont quant à eux enregistré une régression de 36,3 % alors que chez les plaisanciers la baisse est de 18,65%. Mais la plus inquiétante, non pas en termes de production, mais en termes d'impact, a trait à celle des sardiniers dont la production est passée de 2771,175 t à 2299,2 t, soit une baisse de 17,03%. Ce poisson qui représente l'essentiel des prises avec près 81% de la production globale, n'est plus désormais celui du pauvre. Son prix ne descend que très rarement sous la barre des 600 DA le kilogramme, ce qui a eu pour conséquence de l'éliminer carrément de la cuisine d'une partie des ménages qui ne peuvent se le permettre. On relèvera que durant la période de 2016, le nombre de sorties en mer a lui aussi diminué de 18%. Les ports de Boudis (Jijel) et de Ziama Mansouria comptent 334 embarcations, dont 228 pour celui du chef-lieu de wilaya qui dispose à lui seul des 17 chalutiers existants. Cette flottille de pêche emploie en tout 3887 personnes, dont 3092 à Jijel. L'évolution de la production halieutique depuis 1969 montre une progression constante pour atteindre un premier pic lors des premiers investissements du milieu des années 1980 avant d'amorcer une chute. Le deuxième pic est atteint au milieu des années 2000, avec aussi une hausse des investissements et des aides de l'Etat, avant de reprendre la courbe descendante pour atteindre la production du début des années 1980. Plusieurs causes sont énumérées pour justifier ce déclin. On parle de réchauffement climatique, de surpêche et de pollution. Mais il parait pour beaucoup essentiel la mise en place de l'aire marine protégée qui part de Ras El Afia (Jijel) à Ziama Mansouria), qui dit-on contribuera certainement à la protection des zones de frai. Certaines pratiques de pêche désastreuses doivent être aussi combattues. Il y a en premier lieu le chalutage sauvage opéré par certains, notamment près des rivages de Kissir (à la limite de Jijel et El Aouana) ou encore Sidi Abdelaziz, comme en font témoignages plusieurs personnes. L'immersion en urgence de récifs artificiels dans ces zones permettra de faire fuir ces indélicats pêcheurs qui risqueraient de perdre leurs chaluts s'ils s'y aventuraient. L'autre pratique qui n'épargne pas une portion de bande côtière est le trémail, filet qui jalonne désormais toute la côte ! Même dans certaines plages comme celles de l'est de la ville de Jijel, ce filet fixé juste dans le sable. Ces trémails font un grand ravage et privent même le pêcheur du week-end, d'un petit poisson au bout d'un hameçon. Ce désormais «commerce» a pris une proportion inquiétante au point où, hormis les jours de mauvais temps, annoncés par les services météorologiques, les trémails ne sont relevés que pour récupérer les poissons avant d'être aussitôt remis en mer. La halle à marée du port de Ziama Mansouria où des pêcheurs se plaignent des eaux qui investissent les quais lors des intempéries et qui demandent une intervention pour réaliser une protection de la digue nord, a nécessité un investissement public de 27,42 millions de dinars, hors équipements.