Le ridicule est poussé à son paroxysme ! C'est le moins que l'on puisse dire en jetant un coup d'œil sur certaines affiches des candidats à la députation. En effet, certains partis dévoilent au grand jour, à cette occasion, leur vision par rapport à la femme et son image. Contraints par la loi à consacrer 30% des places sur les listes électorales aux femmes, certaines formations ont présenté des fantômes. Des candidates invisibles. Sur leurs affiches, on voit des voiles (hidjabs) sur la tête de femmes dont le visage est carrément effacé. C'est le cas du parti PEP de Naïma Salhi qui a créé le buzz par ses déclarations bizarres, notamment sur la polygamie. Visiblement, elle a inculqué les mêmes orientations à ses sympathisants. Cela apparaît clairement sur les affiches du parti dévoilées depuis le début de la campagne électorale. Sur sa liste de candidats dans la wilaya d'Adrar, le PEP a présenté une seule et unique femme. Si le nom et la fonction de cette candidate ont été révélés, son visage, par contre, est invisible. Cette nouvelle pratique tend à se généraliser. Une autre nouvelle formation, en l'occurrence le Parti algérien vert pour le développement (PAVD), a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux. Cette formation, inconnue sur la scène politique, a présenté sur sa liste de candidatures dans la wilaya de Bouira quatre femmes. Mais aucune d'entre elles n'a donné sa photo sur l'affiche collée dans les rues de cette circonscription. Le salafisme est passé par là Ces nouvelles pratiques confirment, on ne peut plus clairement, l'ampleur de l'invasion des idées salafistes dans la société. En douce et profitant de la complicité des autorités, les «importateurs» de l'extrémisme religieux de l'Arabie Saoudite tissent, petit à petit, leur toile dans la société. Ayant les coudées franches, ces dernières ne ratent aucune occasion pour appeler à cacher le visage de la femme qu'ils appellent «3aoura» parce qu'il suscite, dans leur esprit étroit, le désir… sexuel. Tout récemment, rappelons-le, ils ont placardé sur les murs de la capitale des appels adressés aux hommes «à ne pas laisser sortir leurs femmes sans hidjab». Les affiches électorales que nous avons citées sont, sans doute, le fruit de la salafisation de la société. C'est l'épouse du président du parti islamiste FJD-Adala, Abdellah Djaballah, qui a inauguré, faut-il le rappeler, cette pratique à l'occasion des législatives de 2012. Candidate sur la liste du parti de son mari à Alger, cette dernière a accepté d'accorder une interview à un quotidien arabophone. Mais elle a refusé la publication de sa photo en exigeant ainsi l'illustration de l'entretien par un portrait de son époux. Comment peut-on se présenter à une élection et solliciter la voix des électeurs tout en étant caché ? Pourquoi accepter d'intégrer le champ politique si on refuse de s'afficher en public ? Certes, il n'y a aucun texte de loi qui oblige les candidates à dévoiler leur visage sur les affiches électorales, mais cette nouvelle pratique relève de l'aberration.