Les cambistes du square Port-Saïd couleront encore des jours tranquilles dans l'illégalité «tolérée». Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a renouvelé, devant les membres du Conseil de la nation, ses assurances que les bureaux de change ne verront pas encore le jour dans cette Algérie, pourtant fragilisée par un secteur informel prenant des dimensions très importantes. «L'ouverture de bureaux de change est prématurée et ne constitue pas une priorité», affirme M. Loukal en justifiant que «le dinar algérien n'est pas convertible et que le pays ne connaît pas une intense activité touristique». Que pense donc le gouverneur de la Banque d'Algérie du recours quasi systématique des opérateurs économiques au marché parallèle de la devise pour les opérations de change ? Répondant aux questionnements des sénateurs, Mohamed Loukal a souligné qu'une «éventuelle ouverture de bureaux de change risquerait de provoquer un épuisement rapide des réserves de change du pays». Le premier responsable de la Banque centrale considère que l'éradication du marché informel nécessiterait non pas un changement de billets de la monnaie nationale comme proposé par un sénateur, mais plutôt une coordination des efforts entre les différentes administrations fiscale et commerciale. La revalorisation du montant de l'allocation touristique n'est pas non plus à l'ordre du jour dans le contexte économique actuel, affirme M. Loukal. Si l'on prend en compte, dit-il, les 4 millions de détenteurs de passeports biométriques, une simple opération arithmétique suffirait à évaluer le montant de devises à mobiliser dans ce cas de figure. «Il n'est pas question d'alimenter les économies étrangères alors que l'économie nationale a le plus besoin de ces devises», avertit le gouverneur de la Banque centrale. Dans son rapport sur la situation financière et monétaire du pays présenté, la fin de semaine écoulée, aux parlementaires du Conseil de la nation, le gouverneur de la Banque d'Algérie a tenu à rassurer sur l'état de la monnaie nationale face au marché de la devise.
«La gestion des réserves de change sécurisée» «La gestion des réserves de change du pays est sécurisée et les fluctuations sur les devises n'ont aucun impact sur les fondamentaux de l'économie nationale», a-t-il soutenu. Le dinar algérien s'est, quant à lui, «stabilisé progressivement à partir de juin 2016» bénéficiant de la baisse des cours de la matière première et du recul de l'euro face au dollar. La vente en dollars des hydrocarbures dans la zone euro a permis de préserver une stabilité de la monnaie nationale. Mohamed Loukal reconnaît toutefois que la situation économique est «très critique» mais la crise est transcendée grâce aux mesures adoptées, notamment par le paiement anticipé de la dette extérieure et la création du Fonds de régulation des recettes ayant permis d'amortir le choc. Les liquidités bancaires ont été sérieusement secouées par la chute des prix du pétrole. Le niveau de financement de l'économie était de l'ordre de 26% en 2014, mais la baisse des cours du pétrole qui s'en est suivie a vite engagé un processus d'érosion dans les réserves de change et par la même une baisse du niveau des liquidités bancaires. «D'où le recours à des mesures pour l'approvisionnement des établissements bancaires dont le marché ouvert qui a constitué une réforme radicale afin de garantir la pérennité du financement des banques», indique le gouverneur. «Le système bancaire enregistre actuellement une dynamique d'expansion avec 26 banques actives (6 publiques et 20 privées représentant des banques mondiales) et 10 établissements financiers de leasing. Ces établissements comptent 1500 agences», souligne encore Mohamed Loukal en plaidant pour un renforcement du réseau des banques à travers la création de plus d'agences.