L'illustre Gœthe avait raison de dire qu'il fut un homme, c'est-à-dire un lutteur. Nul effort n'est jamais assez suffisant pour combattre les défauts, surmonter les handicaps et vaincre les faiblesses. C'est le propre de l'humain que de ne pas capituler, succomber devant la fatalité. César franchit le Rubicon. Prométhée dérobe le feu sacré. Alexandre tranche le nœud gordien. Mais quittons ces cimes superbes pour nous replonger dans nos quotidiennes existences, dans nos plates turpitudes. La franche ténacité bat de l'aile. L'opiniâtrété est souvent absente lorsqu'il s'agit de réagir face à des situations désolantes. Des rues poussiéreuses et sales, flétries de déchéance n'indisposent plus personne. C'est heureux que l'on évoque subrepticement leur splendeur de naguère. Des palabres souvent stériles s'engagent devant un tas d'ordures et d'immondices. L'odorat est offensé par les exhalaisons nauséabondes. On en a cure. Nulle gêne, ni dégoût. Des flaques d'eaux usées « trônent » au milieu d'un espace public. Des relents fétides se dégagent. Badauds et quidams les hument sans remontrance. Les immeubles se délabrent. Ce sont des visages de vieilles femmes sordides et laides. Il n'y a rien qui secoue l'ego, qui titille la volonté. On éprouve une sorte d'apathie qui démobilise et annihile toute réaction. Le glas est sonné, quand, outré par tant d'indifférence, on cherche à comprendre et à savoir. L'esprit est presque choqué par un lancinant et sempiternel « Allah ghalab ». Que peut-on y faire ? Le mal est fait. Etrange attitude qui s'exonère à si bon compte en invoquant une mystérieuse fatalité. Pourtant, il suffit de peu de chose pour conjurer les vieux démons, rompre les mauvais maléfices. Retrousser les manches pour stopper la déliquescence. Echapper aux affres d'une force morbide qui vous tire vers le bas. Que de legs exhumés et arrachés à l'oubli et au temps immémorial grâce à la persévérance. Que d'énigmes résolues grâce à la sagacité. Voilà bien des vertus qui nous seraient d'un grand secours pour améliorer notre environnement. Encore faut-il le vouloir.