Le Club Energy de l'Association des ingénieurs d'Etat de l'Institut algérien du pétrole (IAP) a organisé hier un colloque sur le thème de la transition énergétique. Un plaidoyer pour une diversification des ressources énergétiques, qu'elles soient conventionnelles, non conventionnelles et surtout renouvelables a été fait par les nombreux experts de renom invités à débattre de l'état de santé du secteur de l'énergie secoué par la chute des cours des hydrocarbures. Abdelmadjid Attar, ancien ministre et PDG de la Sonatrach, souligne que la consommation énergétique dans le monde demeurera tributaire à 54,5% des hydrocarbures à l'horizon 2035. Si les énergies fossiles ont encore de beaux jours devant elles, c'est leur répartition géographique (à 40% dans le Moyen-Orient) qui risque de poser problème et de constituer encore des sources de tension et de conflits dans le monde. Ceci, et d'ajouter qu'on explore de plus en plus dans des zones difficiles, notamment en offshore et les hydrocarbures non conventionnelles. Pour ce qui est de l'Algérie, M. Attar note que 50% des réserves ont déjà été produites. «Le nombre de découvertes est certes de plus en plus important grâce aux progrès technologiques, mais la valeur au soutirage est faible…A partir des données et en dehors des ressources du bassin de Berkine, plus de 50% du renouvellement des réserves depuis les années 70' proviennent de l'accroissement du taux de récupération des gisements existants», explique l'ancien responsable de Sonatrach en notant que la dernière décennie a été marquée par l'apparition des gisements non conventionnels. Abdelmadjid Attar annonce d'ailleurs que le premier puits de In Salah avait produit, avant qu'il ne soit arrêté, pas moins de 165 000 m3/j en 18 mois continu de gaz de schiste. «L'Algérie possède assez de réserves en hydrocarbures pour assurer sa sécurité énergétique au-delà de 2030, mais à condition que son modèle de consommation énergétique soit adapté et de plus en plus basé sur les énergies renouvelables», explique le conférencier en précisant que le risque prévisible à l'horizon 2030 et 2035 vient du fait que l'Algérie fait et fera face à un défi de rente pétro-financière si elle ne remplace pas celle-ci par d'autres richesses. «Il faut remplacer la rente beaucoup plus que les réserves pétrolières ou gazières. L'Algérie a intérêt à préparer l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels qui correspondent actuellement et dans le futur à la majeure partie du renouvellement des ressources à très long terme. Les réserves récupérables sont très appréciables. Son exploitation n'est pas pour maintenant, mais dans cinq ou dix ans on aura besoin de ce gaz. On peut d'ailleurs utiliser les mêmes installations existantes à Berkine et In Salah. Si nous ne faisons rien, nous aurons consommé l'équivalent de 800 milliards de m3 d'ici 2030», dit-il. Ali Hached, ancien vice-président de la branche commercialisation et président de la holding des filiales de la Sonatrach, se dit pour sa part très optimiste. «Ce que je dis va dans le sens d'un renouveau d'une volonté forte de pouvoir développer toutes les ressources disponibles en Algérie, toutes sans aucune exclusion. La première puissance mondiale sur les plans militaire, économique et financier est aussi la première puissance énergétique dans toutes les sources énergétiques (nucléaire, charbon, électrique, gazière), en l'occurrence les USA, sont n° 1. Il n'est donc pas exclu que nous aussi on peut être une puissance énergétique forte», estime l'expert. Et d'ajouter que pour les perspectives à long terme, les hydrocarbures seront toujours là. «Les fossiles domineront encore le panier énergétique pendant encore très très longtemps», affirme M. Hached. Il estime que la crise actuelle est un cycle qui aura une fin à laquelle il nous faudra nous préparer. M. Hached plaide aussi pour une solution nationale non imposée par les autres. «On nous oriente pour nous montrer les chemins possibles et surtout pour nous discipliner en matière de suivi d'une certaine politique ; finalement par un effet de sublimation nous inviter à nous inscrire sur une trajectoire. Je refuse de regarder la trajectoire. Je regarde la trajectoire de mon pays, de nos ressources et de nos capacités… Nous inscrire dans une tendance que nous créons nous-mêmes et qui ne nous est pas imposée», plaide-t-il avant d'appeler à exploiter toutes nos ressources et vivre une troisième ère pétrolière en Algérie .