C'est une production haute en couleur et en faits d'histoire qui a été présentée vendredi dernier au théâtre Kateb Yacine de Tizi Ouzou, par l'association culturelle Tigejdit du village Taddart Bouadda, de la commune d'Aït Oumalou, à travers sa pièce théâtrale Yugurten (Jugurtha), ce roi berbère de l'antique Numidie (Afrique du Nord). Admirablement interprétée par une troupe de jeunes garçons et filles, dont certains ont eu à monter sur scène pour la première fois, la pièce a émerveillé le nombreux public. Les multiples rôles ont été joués par de jeunes comédiens dans un parfait kabyle. Certains comédiens ont réussi le jeu de plusieurs rôles, tantôt celui de Bocchus, roi de Maurétanie, par exemple, tantôt celui de Jugurtha, gendre de ce dernier, et tantôt encore ceux de Romains pleins de ruse, tentant de vaincre le résistant roi berbère, en semant division et trahison dans les rangs des siens. Montée par Abderrazak Kouadri Habaz, avec un texte de Abderrahmane Madaoui, traduit vers le kabyle par Ahcene Kharabi, la pièce Yugurten a été admirablement jouée par une quinzaine de comédiens, à l'image de Mansour Youcef Khodja (Yugurten, roi numide), Tilleli Salhi (Ranida, épouse de Jugurtha), Kabache Abdelghani (rôle de Frakessen), Aghiles Alkama (rôle de Bocchus), Assem Sam, (rôle de Metellus, général romain), etc. Produite cette année (2017), la pièce a été jouée sous des airs musicaux composés par Amine Bentameur. Sous des applaudissements nourris, la pièce se termine par le suicide de Ranida, qui boit la coupe de poison destinée par son père (Bocchus) à Yugurten, son époux, après l'avoir sauvé en l'avisant in extrémis du contenu du breuvage qui lui fut présenté par ses proches guerriers tombés dans la traîtrise où les mena Bocchus. En tout état de cause, avec de telles productions théâtrales, c'est décidément un coup de maître qu'aura accompli Tigejdit, cette association culturelle du village Taddart Bouadda en mettant au jour tout un pan de l'histoire antique de l'Algérie, grâce à ses jeunes comédiens talentueux. Ces derniers, en effet, dans leurs rôles respectifs, maîtrisent et mémorisent admirablement la langue maternelle, ce Kabyle de tajmât, ou des souks de l'Antiquité, sous des costumes coupés à la conception des habits de cette ère immémoriale.