Au premier jour du mois de Ramadhan, la frénésie des achats est à son paroxysme. Les autres activités sont réduites au strict minimum et la préparation des examens de fin d'année est au centre des préoccupations. En effet, la forte affluence que connaissent les marchés de Souk Ahras n'a pas connu de répit, samedi, premier jour de jeûne. Fruits, légumes et viandes, tout se vend et s'achète et la rationalisation, précepte tant prôné par l'Islam, est loin d'être de rigueur. «Depuis plus d'une semaine, le nombre de clients ne cesse de croître et les produits les moins prisés naguère sont écoulés aussi rapidement que ceux considérés comme ingrédients de base pour la table du f'tour», a constaté un chef de rayon d'un supermarché. Même si les prix ont fait l'objet d'une légère hausse causée par le caractère dépensier du consommateur local en pareil mois, l'abondance de la marchandise a porté un coup dur aux spéculateurs. Comparativement avec le Ramadhan 2016, ces derniers ont dû s'aligner sur les prix du marché malgré leurs vaines tentatives de l'embraser. Le kilogramme de pastèque est écoulé à 40 DA/kg au lieu de 150 DA/kg, l'année passée en pareille saison. De même pour la pomme de terre (50 DA/kg), la tomate, la carotte et les autres légumes de base qui ne dépassent pas dans leur majorité les 80 DA/kg. Seuls les prix des viandes rouges et des dattes sont maintenus au même niveau d'il y a une année. Une récente campagne contre le gaspillage menée timidement par les imams des mosquées et quelques associations n'a pas pu produit les effets escomptés auprès de ces consommateurs compulsifs. On y compte des smicards et de petits employés, à l'image de Ammi Messaoud, un gardien qui ne cache guère ses humeurs peu frugales. «Je ne peux me priver d'un repas où tout est servi, même si lors de la rupture du jeûne, je ne peux que prendre l'essentiel avant de partir vers la mosquée», a-t-il reconnu. A noter que des dizaines de familles tunisiennes qui déferlent quotidiennement vers les espaces commerciaux sont concernées par le phénomène, autant que leurs voisins de Souk Ahras. Le Ramadhan est aussi annonciateur de cette grande démission des services publics, voire quelques professions libérales. La couleur a été annoncée avec la nonchalance des employés de l'EPSP de Souk Ahras (ex-hôpital régional), l'absence visible des agents d'Algérie Poste et d'Algérie Télécom et la fermeture de manière unilatérale de certains auxiliaires de la justice, de médecins privés partis en congé. La préparation sous haute tension des examens de fin d'année à Souk Ahras a nécessité, contrairement à l'usage, l'implication expresse du wali dans toutes les phases, voire la gestion des réunions préparatoires, et ce, aux fins de relever les défis du département de Benghabrit, qui compte les relais de son plus dur noyau déstabilisateur au sein même de la direction de l'éducation de Souk Ahras. Les récentes contestations, les affaires traitées par voie de justice et surtout la dernière manifestation des élèves du cycle moyen dans les rues de la ville pour une affaire de fraude, ont amené le premier responsable de l'exécutif à gérer lui-même cette phase décisive. Un mois de mansuétude, d'efforts, de solidarité et de piété que l'on risque de gérer autrement. A. Djafri