La frénésie des achats n'a pas de limites en ce mois de jeûne à Souk Ahras et les commerces sont bondés de jour comme de nuit. Les marchands de fruits et légumes, et malgré les prix affichés, sont quotidiennement assaillis par des clients qui font leurs emplettes à n'importe quel prix. Même les moins nantis font preuve de gaspillage. On y vend les dattes à 600 DA, les figues à 400 DA et le pastèque à 70 DA le kilo, alors que tous les légumes ont pris des ailes. «Le principe de l'offre et la demande donne des effets ravageurs quand le client fait montre d'avidité et de précipitation vers un commerçant véreux», nous lance un marchand de la rue Harireche Abdellatif. Des prix prohibitifs sont également pratiqués par les épiciers et les bouchers, qui se sont donné le mot pour déplumer le maximum de clients. «Si la viande est hors de portée depuis des lustres, des légumes de base de la saison en cours ont atteint des prix imaginaires», se plaint un fonctionnaire. Dans quelques jours commencera une autre épreuve avec les préparatifs de l'Aïd El Fitr. La facture déjà salée sera allongée avec des milliers de dinars supplémentaires. La couleur est déjà annoncée. Un Tshirt pour bébé oscille entre 3000 et 5000 DA, des baskets pour enfants affichés à 9000 DA et les pantalons pour 4000 DA et des articles importés dont le prix dépasse l'entendement. Et pourtant l'affluence ne fait pas défaut. Si des commerçants redoublent de voracité afin de réaliser des surprofits en pareil mois, le client, lui, est autant responsable de cette situation, à cause de son caractère dépensier et de ses abdications devant les «qu'en dira-t-on» des voisins.