Abdelkader Hammouche signe avec Amel son quatrième roman tiré de faits authentiques. Cet ancien journaliste à la plume élégante - exerçant actuellement en tant qu'avocat - propose un roman plein d'épaisseur. Tout au long des 258 pages du livre, le lecteur est convié à découvrir l'histoire pathétique de Amel. Une belle jeune fille de 19 ans, qui voit sa vie basculer dans l'enfer, alors qu'elle menait jusque-là une vie heureuse, entourée de ses parents, de ses frères et sœurs. Au fil d'une lecture des plus agréables et à travers un style d'écriture des plus soutenus, le romancier Abdelkader Hammouche rend un hommage à la femme algérienne, faisant de la résistance au quotidien. En effet, Amel est une belle fille qui aspirait, au départ, à une vie des plus rayonnantes, avec des projets plein la tête. Elle était apprentie dans un salon de coiffure. La Faucheuse emporte sa mère d'une crise cardiaque, alors qu'Amel n'est âgée que de 17 ans. Deux ans plus tard, elle perd son père, suite à une lourde maladie. «Mes parents disparus, un grand vide s'ouvrait devant moi. L'avenir n'avait aucun sens. Pourquoi et pour qui vivre à présent ? La mort subite de ma mère m'avait plongée dans un grand désarroi, celle de mon père, après plusieurs mois d'une terrible maladie», lit-on à la page 78. Son malheur ne s'arrête pas là puisqu'elle va subir un tragique drame. Alors qu'elle rend visite à sa cousine Souad — qui exerce le plus vieux métier du monde — dans son appartement à l'ex-rue d'Isly, à Alger, elle se fait violer par un inconnu. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, elle tombe enceinte. Si au départ elle arrive à camoufler cette grossesse non désirée, l'un de ses frères découvre le pot-aux-roses. Elle a beau lui expliquer les faits tels qu'ils se sont produits, il reste intraitable. Il lui demande de quitter illico presto la maison familiale alors qu'elle est victime d'un drame non orchestré. Ne sachant pas à quel saint se vouer, elle trouve refuge, un laps de temps, chez cette même cousine pour subir un avortement. Sa deuxième escale se fera chez une de ses sœurs, Rabéa, à Haouch El Mefti, non loin de Meftah. Elle quitte cet endroit lugubre, où la misère règne et où les agissements vicieux de son beau-frère l'ont dégoûtée. Elle prend, encore une fois, son bâton de pèlerin pour atterrir, cette fois-ci, chez deux Sœurs blanches à Alger. Elles lui apporteront tout le soutien et l'aide nécessaires. Amel trouve un travail dans un salon de coiffure à Bouzaréah. Femme au grand cœur, la patronne, khalti Keltoum, lui apportera affection et compréhension. Amel reprend ainsi goût à la vie, aidée en cela par des amies de cœur. Croyant dur comme fer que l'amour lui était, désormais, interdit, elle finit par se marier avec Karim, le frère de sa copine Hayat. Une union heureuse qui se soldera par la naissance de trois enfants. En dépit d'une vie des plus heureuses, Amel ne peut s'empêcher, de temps à autre, de faire un petit saut dans le quartier de son enfance. «Je m'arrête toujours, un bref instant, devant la maison aux portes closes et me dis que, tout compte fait, mes frères, à leur corps défendant, ont été les artisans de mon bonheur. S'ils ne m'avaient pas jetée à la rue, je n'aurais sans doute jamais eu la chance de rencontrer un homme aussi bon, généreux, ouvert d'esprit et affectueux que Karim, mon mari. Dieu m'a réellement tracé une voie royale, alors que, dans mes moments de détresse, je me plaignais sans cesse d'avoir été abandonnée par lui», lit-on vers la fin du livre. Le roman Amel, de Abdelkader Hammouche reste une narration bien ficelée, où l'auteur manifeste, dans son écriture, un espoir, celui de sortir d'un désarroi et de surmonter toute situation difficile à laquelle est confrontée, parfois, la femme algérienne.