Il n'y a plus de doute possible, c'est l'ancien président allemand Horst Köhler qui sera nommé émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental en remplacement de l'Américain Christopher Ross. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a informé le Conseil de sécurité de sa décision de nommer M. Köhler la semaine dernière. Aucun pays n'a émis d'objection, ce qui valide de fait sa nomination. Horst Köhler aura pour principale mission de relancer les discussions entre le Maroc et le Front Polisario. Mais sa tâche ne sera pas facile. Sa nomination intervient dans un contexte difficile, caractérisé par le blocage du processus onusien par le Maroc. Son prédécesseur au poste, Christopher Ross, s'est vu opposer un niet catégorique à sa demande de déplacement à Rabat et aux territoires sahraouis occupés en vue de relancer les pourparlers de paix au Sahara occidental, avait révélé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans son premier rapport sur le Sahara occidental présenté en avril dernier au Conseil de sécurité. Le Maroc a déjà eu à saborder les efforts d'un autre émissaire américain en 2004 lorsqu'il a rejeté le plan de paix proposé par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, James Baker, qui maintenait le principe d'autodétermination en exigeant la tenue d'un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre. Le rôle que devrait jouer Horst Köhler est un élément important dans le processus de paix au Sahara occidental, mais il ne sera pas décisif sans le soutien du Conseil de sécurité, selon plusieurs observateurs. «Avant lui, M. Ross a été l'objet d'une opération de sabotage franco-marocaine au Conseil de sécurité et ne pouvait pas aller loin dans sa mission sans le soutien de l'organe onusien», dénoncent les Sahraouis. Economiste et ancien banquier, M. Köhler a présidé l'Allemagne de 2004 à 2010 après avoir dirigé le Fonds monétaire international (FMI) et présidé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). M. Köhler, 74 ans, sera le quatrième envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, après les deux Américains James Baker et Christopher Ross et le Hollandais Peter Van Walssun. Inscrit sur la liste des territoires non autonomes depuis 1963, le Sahara occidental attend toujours le parachèvement du processus de décolonisation à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination, conformément aux termes de l'accord de cessez-le-feu signé en 1991 entre le Maroc et le Front Polisario.