La Russie attend depuis onze ans le sésame qui lui ouvrira les portes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Et comme pour le Vietnam, ce sont les Américains qui en sont la cause. En l'espèce, les motivations majeures US ne sont pas seulement d'ordre économique d'autant que Moscou a cédé sur quasiment toutes les exigences en la matière. De fait, les Etats-Unis ne tiennent pas à ce que l'ancienne puissance soviétique demeure exclue du circuit commercial international régulé. Pour information, les échanges actuels entre les deux pays sont minimes : « La part des Etats-Unis dans le commerce extérieur russe est de 3% et celle de la Russie est de 1,50% dans le commerce extérieur américain ». Dès l'origine des pourparlers bilatéraux, le président Bush avait imposé un volet politique avec de fortes exigences qui va se compliquer, sans doute, avec la récente dominante du Congrès par les démocrates qui sont fondamentalement peu favorables au libre-échange et habituellement guère bienveillants à l'égard de la Russie. Il faudra tenir compte aussi que bien qu'à mi-mandat, il n'aura pas les coudées franches pour obtenir le renouvellement, après juin prochain, du « Fast Track », son droit de soumettre au Congrès, pour approbation et sans les amender, des accords de commerce international. Il pourrait en être de même pour l'évolution des négociations dans le cadre du cycle de Doha ou encore, dans celui de l'OMC qui concernent tout particulièrement « certains accords bilatéraux avec le Pérou et la Colombie négociés en ce moment ». Du côté russe, on attend du Congrès l'annulation de l'amendement Jackson-Vanik, voté en 1971 ciblant l'URSS, « pénalisant le commerce avec les pays de l'ex-bloc communiste ». Bien que la Russie bénéficie depuis 1991 d'une levée annuelle, il lui faudra obtenir un régime permanent de relations commerciales normales sous le signe de la « clause de la nation la plus favorisée », de règle dans le fonctionnement de l'OMC. Outre que son adhésion à l'OMC devrait faire gagner à la Russie dix milliards de dollars de recettes commerciales complémentaires, elle symboliserait sa sortie de la catégorie des pays émergents et lui permettrait alors de peser sur les décisions commerciales internationales. Dernière minute : on apprend que l'accord américano-russe permettant à la Russie d'adhérer à l'OMC serait signé par les présidents Bush et Poutine en marge du sommet annuel du Forum économique Asie-Pacific qui se tient à Hanoi.