Révision du système des subventions des produits de large consommation». C'est le thème du prochain débat public en Algérie. Figurant parmi les options du gouvernement de Abdelmadjid Tebboune, le futur recours à des «subventions ciblées» en vue de limiter les «charges sociales» qui pèsent lourdement sur le budget de l'Etat risque d'être problématique. Et pour cause, la complexité des modalités d'application de cette mesure. Quels sont les critères à adopter pour aller vers la mise en œuvre de ce système de subventions ciblées ? Comment s'assurer que les aides parviendront effectivement aux nécessiteux ? Ces interrogations seront, sans doute, au cœur du prochain débat, si jamais le gouvernement décide d'appliquer cette mesure. Dans ce cas, l'Exécutif doit s'inspirer des expériences connues dans le monde afin d'éviter des troubles sociaux majeurs. Parmi les nombreuses expériences, celles de l'Egypte et de l'Iran sont les plus intéressantes à méditer. Ces deux pays, qui ont mis en place de longue date des systèmes de subvention des produits de première nécessité ont été contraints, en raison de l'exacerbation de la crise économique, d'ajuster leurs politiques dans ce domaine. Etant l'un des plus anciens systèmes (il date des années 1940), la politique égyptienne de subvention qui concerne le pain, l'électricité, le carburant et le sucre engloutit des sommes colossales. Pour l'exercice fiscal 2017-2018, le pays des Pharaons a consacré des enveloppes importantes pour subventionner ces produits avec 440 millions de dollars pour le carburant, 5,3 milliards pour l'électricité et 5,5 milliards de dollars pour soutenir la consommation des hydrocarbures. En tout, ce pays dépense environ 18 milliards de dollars dans les subventions. Un lourd fardeau pour le pays du Nil qui continue à fonctionner grâce aux aides des pays du Golfe. Mais ce système a montré ses limites. «Les subventions alimentaires sont un outil efficace contre la pauvreté, celles à l'énergie sont hautement inéquitables», estime le FMI. Selon l'institution monétaire internationale, «40 % des plus pauvres ne profitent que de 25% du total des subventions». Ce constat a conduit le pouvoir du maréchal Al Sissi à réviser le système, notamment en ce qui concerne l'accès au «aïsh» (pain en égyptien). Pour permettre une répartition équitable de ce produit et limiter les fraudes à grande échelle qui touchent le système des subventions, le gouvernement égyptien a instauré «la carte électronique». Cette dernière est utilisée actuellement par 69 millions d'Egyptiens, soit 80% de la population du pays. L'Iran a été également contraint, selon un document de la Banque mondiale, de réformer en profondeur son programme de subventions sur des articles de première nécessité, tels que les produits pétroliers, l'eau, l'électricité et le pain. «Ce qui s'est traduit par une amélioration progressive de l'efficacité de la dépense publique et de l'activité économique. Le dispositif de subventions indirectes, dont le coût était estimé à 27% du PIB en 2007/2008 (soit approximativement 77,2 milliards de dollars), a été remplacé par un programme de transferts monétaires directs aux ménages iraniens», rappelle la Banque mondiale. Selon la même source, le second volet de la réforme des subventions, lancé au printemps 2014, prévoit un ajustement des prix pétroliers plus graduel qu'envisagé auparavant et un ciblage plus large des transferts au bénéfice des foyers à faible revenu. Ainsi, «près de 3 millions de ménages à revenu élevé ont déjà été rayés des listes des bénéficiaires. Cette démarche aurait conduit à une réduction des dépenses de l'Organisation des subventions ciblées (TSO) de 4,2% du PIB en 2014 à 3,4% en 2016», souligne la Banque mondiale. Outre ces deux pays, le débat autour de la révision des subventions a concerné aussi la Tunisie, le Maroc, le Brésil, le Venezuela...