L'Etat algérien dépense sans compter, subventionne un grand nombre de produits de premières nécessités, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant. En Algérie de celui qui gagne le SNMG au chef d'entreprise nationale ou étrangère, bénéficient des prix subventionnés, n'existant pas de système ciblé de subventions. L'expérience des réformes dans ce sens de l'Iran, après la chute des cours des hydrocarbures doit être méditée. 1.- L'Iran face à la chute du cours des hydrocarbures a décidé de procéder à des subventions ciblées Avec un PIB estimé à 412,2 milliards de dollars en 2016, l'Iran est la deuxième économie de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, après l'Arabie saoudite. Le taux de croissance ce calculant par rapport à la période antérieure, a été de 4,6% en 2015, 4,5% en 2016 donc traduisant un dynamisme, et devrait être de 5,2% en 2017, 4,8% en 2018, 4,5% en 2019. Afin de diversifier son économie, le gouvernement iranien a décidé de lancer un plan de privatisations et d'ouvrir à l'investissement étranger la plupart des secteurs de son économie. Comme conséquence de la dépendance du cours des hydrocarbures, le Rial iranien (IRR) a été coté à 14777,90 pour un euro en 2011, 15643 un euro en 2012, 24456 un euro en 2013, 34653 un euro en 2014, 32188 un euro en 2015 et le 19 mai 2017 à 36335 IRR un euro donc une très forte dépréciation de la monnaie iranienne. Le solde courant en 2014 a été de 3,8% par rapport au produit intérieur brut (PIB), 0,4% en 2015, et moins -0,6% en 2016 avec une prévision de zéro (O%) en 2017, tandis que la dette publique/PIB a été de 15,6% en 2014, 17,1% en 2015, 17,5% en 2016 avec une prévision de 17,7% en 2017. La balance commerciale de l'Iran avec une part du commerce extérieur dans le PIB de plus de 31% (Banque mondiale, 2015) est structurellement positive, les exportations pétrolières ayant augmenté de 70% en 2016 tendance qui devrait se maintenir en 2017 avec un excédent commercial pour 2016 de 1,8 milliard USD. La levée des sanctions internationales en juillet 2015 a permis la reprise du commerce extérieur et de l'investissement, le stock d'IDE en 2015 ayant été de 45 097 millions USD ), tandis que les exportations d'hydrocarbures ont retrouvé leur niveau précédant les sanctions Le gouvernement iranien via la Banque centrale entend ainsi, en accord avec les préconisations du FMI, mener une recapitalisation des banques en difficulté. L'Etat devrait mettre en œuvre de nouvelles réformes pour stimuler le privé dès lors que le secteur public n'a plus les ressources pour créer les emplois nécessaires. Les autorités iraniennes ont adopté une stratégie globale de réformes fondées sur le marché, déclinée dans un document de prospective sur 20 ans et dans le VIe plan quinquennal de développement couvrant la période 2016-2021. Afin de Ce plan s'articule autour de trois grands axes : le développement d'une économie résiliente, le progrès scientifique et technique, et la promotion de l'excellence culturelle. Sur le front économique, le plan table sur une croissance annuelle de 8 %, avec trois grandes priorités pendant les cinq prochaines années : réforme des entreprises publiques, secteur financier et bancaire, répartition et gestion des recettes pétrolière, une plus grande rigueur budgétaire, la lutte contre le gaspillage et la corruption. Car l'important pour le gouvernement iranien est de sortir l'économie de la récession. L'objectif est la relance économique, réduire le taux de chômage et la maîtrise de l'inflation pour maintenir la cohésion sociale alors que l'économie comme souligné précédemment est fortement dépendante pour son financement des revenus pétroliers qui irrigue la sphère économique. C'est pourquoi, le gouvernement iranien avec la levée de l'embargo entend accroître l'offre d'hydrocarbures afin de reconstruire son économie qui lui permettra de dynamiser son économie et entend mener des réformes internes afin accroître les recettes fiscales à terme. Ainsi l'Iran envisage des privatisations et cessions d'actifs en forte progression par rapport au budget actuel, combiné à la réduction du train de vie de l'Etat (dépenses de fonctionnement, salaires des fonctionnaires). Ainsi, le gouvernement iranien confronté à d'importants défis internes a décidé de procéder à d'importantes réformes structurelles à deux niveaux. Premier niveau assimilable à la dominance de la sphère informelle en Algérie, qui impliquera des réaménagements au niveau du pouvoir iranien, la limitation du pouvoir des Pasdaran( dans l'informel) qui contrôlent une part essentielle de l'économie iranienne qui sans être soumis à la loi sur la fiscalité, monopolisent l'activité économique en encaissant des revenus colossaux dans les secteurs du pétrole, gaz, pétrochimie, téléphonie, informatique, de l'industrie de l'automobile, l'acier, le ciment, l'alimentaire, les produits pharmaceutiques, ainsi que les routes, les banques, les assurances. Selon les analystes, les Pasdaran sont parmi les plus grands cartels du monde et contrôlent plus de 50 % des importations et le tiers des exportations iraniennes. Deuxième niveau, il a décidé de revoir les subventions généralisées non ciblées, source de gaspillage, les situations de rentes et les détournements de fonds, constituant une cause de cette hémorragie permanente dans l'économie iranienne qui a empêché la canalisation des richesses dans le système de production intérieure et le développement du pays. C'est dans ce contexte que le dispositif de subventions indirectes, dont le coût était estimé à 27 % du PIB en 2007/2008 (soit approximativement 77,2 milliards de dollars), a été remplacé par un programme de transferts monétaires directs aux ménages iraniens. Le second volet de la réforme des subventions, lancé au printemps 2014, prévoit un ajustement des prix pétroliers plus graduel qu'envisagé auparavant et un ciblage plus large des transferts au bénéfice des foyers à faible revenu. Près de 3 millions de ménages à revenu élevé ont déjà été rayés des listes des bénéficiaires. Comme impact, le taux de pauvreté a reculé de 13,1 à 8,1 % entre 2009 et 2013 (sur la base d'un seuil de pauvreté de 5,5 dollars en parité de pouvoir d'achat de 2011). Cette évolution selon toujours le FMI est probablement à imputer à la mise en place, fin 2010, d'un programme universel de transferts monétaires, prélude à la suppression des subventions à l'énergie et au pain. Le programme semble avoir plus que compensé la hausse attendue des factures d'énergie des ménages les moins aisés et contribué, ce faisant, à améliorer le pouvoir d'achat des 40 % les plus pauvres de la population Cette démarche aurait conduit à une réduction des dépenses de l'Organisation des subventions ciblées (TSO) de 4,2 % du PIB en 2014 à 3,4 % en 2016. 3. Le cas algérien des subventions : pour une chambre nationale de compensation Les subventions sont régressives montrant leur manque d'équité et la nécessité de les réformer : plus vous êtes riche, plus vous en bénéficiez. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher. Dans un rapport la Banque mondiale fait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. Début 2016, le gouvernement algérien a augmenté le prix de l'essence et d'autres produits énergétiques pour la première fois depuis 2005. Pour autant, malgré une hausse sensible de 34 %, l'essence algérienne figure toujours parmi les moins chères au monde : son prix est un peu plus élevé que celui de l'eau minérale. Et il se trouve qu'une essence bon marché profite surtout aux ménages aisés.. Selon la banque mondiale les 20 % d'Algériens les plus riches consomment six fois plus de carburant que les 20 % les plus pauvres. À titre d'exemple, les subventions des carburants et de l'électricité profitent de manière disproportionnée aux riches, qui ont plusieurs voitures et sont plus susceptibles d'être raccordés au réseau électrique national, possédant des maisons plus grandes équipées de la climatisation. Le prix du pain étant subventionné depuis 1996, sans subventions, le prix de la baguette actuellement à 8,50-10 dinars – officiel – dépasserait 25/30 DA, les boulangeries se rabantant sur les pâtisseries pour équilibrer leur budget avec souvent du gaspillage. Les subventions octroyées coûtent au Trésor public un différentiel qui reste mobile en fonction des fluctuations du prix d'achat de la matière première sur les marchés mondiaux. Toutefois, le Trésor public paie ce différentiel, quel que soit son niveau. Cela favorise la contrebande aux frontières. La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans compter les pays riverains du grand Sud. L'objectif stratégique 2017/2020 sera de concilier l'efficacité économique et la justice sociale, devant aller vers le ciblage pour les catégories les plus défavorisées et les segments que l'on veut promouvoir mais provisoirement. C'est que les subventions généralisées faussent l'allocation rationnelle des ressources rares et ne permettent pas d'avoir une transparence des comptes, faussent les normes de gestion élémentaires et les prévisions tant au niveau micro que macroéconomique, aboutissant au niveau des agrégats globaux (PIB, revenu national) à une cacophonie additionnant des prix du marché et des prix administrés. Ils découragent la production locale avec un gaspillage croissant des ressources financières du pays. Comme se pose cette question stratégique : qu'en sera-t-il avec après les trois années dégrèvement tarifaire avec l'Europe horizon 2020 et son éventuelle adhésion à l'OMC où les produits énergétiques sont également concernés notamment par la suppression de la dualité du prix du gaz, l'adhésion de la Russie et de l'Arabie Saoudite à l'OMC devant être méditée par les autorités algériennes ? L'Etat algérien n'a plus avec le niveau actuel du prix des hydrocarbures les moyens de continuer à subventionner certains produits. J'avais préconisé déjà entre 2008/2009 au gouvernement algérien, que de retards et de pertes de temps de ces responsables vivant de l'illusion de la rente éternelle, l'instauration d'une chambre nationale de compensation indépendante, au niveau du premier ministre, chargée de mettre en place un système de péréquation intra socioprofessionnelle et interrégionale ciblé. Y a-t-il une réelle volonté politique, loin des discours, de changer de politique économique pour l'émergence d'une économie hors hydrocarbures et ce pour le bien être de l'Algérie et des générations futures, mettant fin au cancer de l'économie de la rente qui se diffuse dans la société par des subventions généralisées et des versements de traitements sans contreparties productives décourageant tout créateur de richesses ? Face à la concentration excessive du revenu national au profit d‘une minorité rentière, une corruption socialisée qui menace la sécurité du pays, cela renforce le sentiment d'une profonde injustice sociale, l'austérité n'étant pas partagée, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de rente, reflet du divorce Etat / citoyens, quitte à conduire l'Algérie au suicide collectif. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international