L'ex-librairie Dar El Hikma, qui a été rénovée, rouverte et rebaptisée «Le 88» et sise justement au 88, rue Didouche Mourad, au siège de l'Union des écrivains algériens, a reçu jeudi soir Abdelhak Bérerhi, auteur de l'ouvrage Itinéraires-tome I, paru aux éditions Necib. Abdelhak Bérerhi, ancien ministre, docteur en médecine, professeur d'histologie embryologie, chercheur, ancien recteur de l'université de Constantine et ambassadeur, intellectuel et homme épris de liberté et de combat pour la démocratie, a signé à la librairie «Le 88» son livre-tome I-Itinéraires, de l'université à la politique. La présence de Abdelhak Bérerhi, en cette soirée livresque, ramadhanesque, force le respect. Entre deux séances de chimiothérapie, il a trouvé le temps de venir et retrouver ses lecteurs, amis, anonymes, anciens collègues, badauds ayant franchi le seuil du «88». Il signe consciencieusement son ouvrage. C'est qu'il prend la peine, avec cœur, de consigner un véritable paragraphe. Une dédicace pas du tout laconique. Et fraternellement. Il échange avec eux sur son parcours, celui d'un battant. D'un grand courage, il a refusé de bénéficier d'un traitement de faveur dans une chambre personnelle pour recevoir les soins de chimiothérapie. «J'ai voulu être parmi le peuple. Là, je suis ce traitement dans une salle collective avec des femmes. Et il faut voir ce que je reçois comme appels. Nous nous soutenons…», nous confiera-t-il. Parcours d'un battant Il reviendra sur la création du Curer (Centre universitaire de recherche, d'études et de réalisation). Il multipliera les accords inter-universitaires, où prévalaient la coresponsabilité et la réciprocité. Il fut ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique du premier gouvernement du président Chadli Bendjedid, puis ministre de la Jeunesse et des Sports. Il fut ambassadeur en Asie du Sud-Est. En indonésie, Malaisie, Singapour, Australie et Nouvelle-Zélande. Il fut membre du tiers des indépendants du premier Conseil de la nation (Sénat) créé par Lamine Zeroual, conseil dont il démissionna en 2001. Intellectuel, il s'engagera dans le combat démocratique au sein d'une association de la société civile, le CCDR, présidé par feu Salah Boubnider. Il en assurera le secrétariat général. Il militera pendant plus de quinze ans pour le rassemblement des forces républicaines, pour un Etat de droit, pour les libertés, pour une justice sociale où la femme est l'égale de l'homme…Pour une jeunesse et son fer de lance. Bref, une Algérie qui gagne, ouverte sur la modernité et l'universalité. Et milita aussi contre l'intégrisme et le terrorisme islamiste. « Je me suis dit : «est-ce que j'aurai le temps ?» A propos de l'écriture de l'ouvrage Itinéraires, Abdelhak Bérerhi, indiquera : «Le projet d'écriture s'est concrétisé quand je suis tombé malade. Après l'avoir reporté à maintes reprises. Mais quand j'ai su que j'avais un adénocarcinome du pancréas (une tumeur maligne), je me suis dit : ‘‘Est-ce que j'aurais le temps ?''. De laisser une trace ? C'était la course contre la montre. Je me réveillais à 3h ou 4h du matin. D'ailleurs, j'appelais cet instant. La remontée de la mémoire. Je n'avais jamais pris de notes. Je n'avais jamais pris de journal. Encore moins de verbatim. J'écrivais. J'ai toujours foncé (dans la vie). Et là, j'ai éprouvé le besoin de traduire ces itinéraires, ces parcours. C'est un devoir de mémoire que je dois à la société. Et à tous ceux qui ont travaillé avec moi. Ce n'était pas mon itinéraire à moi, mais celui, ceux des gens que je décrivais et qui m'ont accompagné dans mon parcours. Donc, leurs itinéraires aussi. Souvent, certains m'appellent pour me dire qu'ils se reconnaissent à travers ces itinéraires. C'est pour cela que j'ai préféré titrer : Itinéraires. Par rapport à «mémoires», qui est un titre figé…».