L'Exécutif tentera à nouveau de séduire les fortunes qui seraient, pour des considérations religieuses, allergiques aux produits de la finance conventionnelle. Les institutions de l'Etat se sont mises à flirter avec les principes de la finance islamique. Des produits financiers et bancaires devraient voir le jour dans les prochains mois, dans le sillage de certaines mesures envisagées par l'Exécutif. Cette option était déjà au centre des discussions avant même que le dernier Conseil des ministres en fasse l'écho. Le plan d'action du nouvel Exécutif n'a fait que réitérer la volonté d'explorer des produits financiers non conventionnels, dits alternatifs. Une source du ministère des Finances nous a confirmé que le gouvernement travaille actuellement sur une émission souveraine de «Sukuk», un équivalent islamique des obligations. Dans ce contexte de baisse drastique des ressources, l'Exécutif tentera à nouveau de séduire les fortunes qui seraient, pour des considérations religieuses, allergiques aux produits de la finance conventionnelle. Le gouvernement compte désormais sur la finance islamique pour attirer ces fortunes. Le précédent Exécutif a échoué à faire revenir «les brebis égarées» dan le «bon chemin». Les deux précédentes initiatives, à savoir la mise en conformité fiscale volontaire et l'emprunt obligataire lancé le 17 avril 2016, se sont soldées par un échec cuisant. Le premier dispositif n'a pu attirer que 500 personnes qui ont souscrit aux mesures fiscales lancées en août 2015, tandis que l'emprunt obligataire, dit de la croissance, n'a renfloué les caisses du Trésor que par une faible moisson de 461 milliards de dinars, dont une partie a été canalisée pour la couverture du déficit. Se préparant à une troisième tentative, le gouvernement a bien l'intention de faire valoir les atouts de la finance islamique. Outre l'émission souveraine de «Sukuk», adossée aux principes de la charia, des banques publiques vont bientôt lancer des fenêtres islamiques proposant des produits conformes aux lois de la charia qui interdisent la facturation ou le paiement d'intérêts, selon notre source. Il s'agit de s'organiser de sorte à créer des filiales en interne proposant des produits d'épargne et de financement conformes aux principes de la finance islamique, explique notre source. Cependant, les banques publiques doivent veiller à ce que cette activité soit étanche par rapport aux activités conventionnelles (séparation des ressources, etc.). Le lancement des produits financiers et bancaires non conventionnels a pour vocation de permettre au gouvernement de canaliser les fortunes des circuits invisibles vers le canal bancaire. Pour le moment, la finance islamique ne pèse pas grand-chose dans le volume des flux bancaires. Elle représenterait à peine 2% de ces flux, correspondant à une valeur de 200 milliards de dinars seulement. Quoi qu'il en soit, l'annonce politique ayant été faite, il importe désormais aux institutions concernées de mettre en place les dispositifs réglementaires et logistiques pour le lancement de ces produits financiers non conventionnels. Leur lancement et/ou commercialisation dépend d'un visa que doit donner la Banque d'Algérie, elle-même étant contrainte de réadapter ses lois en vue de permettre l'arrivée des produits de la finance islamique. Les réflexions vont bon train pour définir ce que doit être «la finance islamique» dans le paysage bancaire algérien. Il est question d'organiser le volet en conformité avec la charia, précise encore notre source. Il y a aussi la réglementation de Cosob qui doit bouger pour permettre aux entreprises d'émettre des «Sukuk». C'est une évidence. Le design juridique, tant pour le secteur bancaire que pour le marché financier, doit être relooké pour permettre le développement des produits financiers alternatifs tel que suggéré par le plan d'action du gouvernement. Sur ces initiatives qui s'adressent en premier lieu aux fortunes circulant en dehors du canal bancaire, les réflexions techniques ont précédé les annonces politiques. Encore une fois, le gouvernement privilégierait, semble-t-il, la politique de la main tendue sur l'attitude de la main leste.